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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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(c) Gaumont Columbia TriStar
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The Exorcism of Emily Rose (L exorcisme d Emily Rose)
USA / 2005
07.12.05
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LE DIABLE EN COLLANTS ROSES
Les gens disent que Dieu est mort. Comment peuvent-ils croire cela alors que je leur montre le diable?
Plus à même d’ouvrir une soirée débat sur France 2 que d’honorer le Festival Fantastique de Gérardmer, « L’exorcisme d’Emilie Rose » est la quintessence du bel ouvrage auquel on ne peut rien reprocher… sinon le bel ouvrage proprement dit. Prônant sa légitimité et sa respectabilité dans le fameux « d’après une histoire vraie », le film n’a dès lors plus qu’à remplir le contrat pré-signé et se garantir de toute sublimation artistique ou narrative. Un travail de techniciens et de performances d’acteurs où l’on cherchera en vain la présence d’un véritable auteur derrière la caméra. Epousant une structure à la « Rashomon » de Kurosawa, Scott Derrickson et son scénariste affichent en grand leur intention de ne pas prendre partie dans ce qui s’avèrera être rapidement un film de procès à champs contre-champs entrecoupé de témoignages en flash-back propices à quelques scènes chocs, a l’instar d’une pièce de Robert Hossein : vous êtes le jury ! Cette intention sera néanmoins démentie dans l’ultime intervention du prêtre à la barre qui illustre et dévoile la ferveur chrétienne, proclamée ci et là à longueur d’interviews, de son réalisateur…. Responsable d’un opus de la saga horrifique « Hellraiser », il ne fallait pas non plus attendre de la part de Derrikson la révélation d’un talent jusque-là négligé. Mais tout au moins l’audace de celui qui n’a pas peur de se tromper pour n’avoir en l’occurrence rien à perdre. Avec l’aide oh combien visible de son chef opérateur, il se retrouve dès lors en terrain défriché pour les séquences de possession - étonnement plus réalistes et moins grand-guignolesques que dans « L’exorciste » de Friedkin – tandis que les 80 % restant au coeur de la salle d’audience relèvent de la grammaire télé. Car paradoxalement, cinéma et tribunaux ont toujours fait bon ménage, microcosme des enjeux dramatiques mis en branle par le récit dont la théâtralité intrinsèque exige et révèle le talent des auteurs pour la transcender. Confrontations dieux-mortels chez Fritz Lang, multiplication d’inserts chez Hitchcock, arènes chez Mankiewicz, tous les moyens sont bons pour accaparer tension et attention, et l’on aurait aimé que Derrikson y réfléchisse autant, en organisant les protagonistes dans le cadre selon leur évolution dramatique, par exemple. A la place, les caméras sont là comme simples enregistreuses, comme d’autres utilisent des caisses enregistreuses, et de remplir son quota de plans en fin de journée avant d’envoyer le tout au montage où s’effectueront les choix. On assiste alors à un festival de prouesses d’acteurs oscarisables (mention spéciale à Jennifer Carpenter, dont corps et visages longitudinaux sont une injure bienvenue aux normes en cour à Bimboland) et à un travail de photographie remarquable dont quelques effets colorés pompés à Argento ridiculisent néanmoins l’ambition. Le sort en est jeté... Arnaud
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