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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les mots retrouvés (Bee Season)
USA / 2005
01.02.06
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MAUX ACADEMIE
Il ne suffit pas de bons acteurs, de bons sentiments et d'une bonne musique pour faire un bon film. Les mots retrouvés n'est pas un ratage, juste une série B catégorie mélo familial. Dans la lignée consensuelle des Opus de Monsieur Holland ou autres films à concours, comme il y a des bêtes de concours. Dans cette critique destructrice d'une Amérique obsédée par la religion, la famille et le score (sans aucun doute un triptyque exaltant à filmer), il aurait peut-être fallut un traitement un peu moins sage, utiliser moins d'effets convenus.
Le plaisir n'est pas désagréable mais le format cinéma ne sied pas à cette histoire trop facilement émouvante. Un big bang qui frappe la famille parfaite ça mérite une déstructuration plus cynique. Il ne suffit pas de filmer la folie de la mère par un plan fragmenté grâce à un kaléidoscope pour nous faire comprendre ces cassures... Siegel et McGehee sont plus inspirés avec les mots qu'avec les maux. Lorsque le singe savant - la gamine - gagne ces compétitions (affreuses récitations insensées) et s'imagine l'orthographe de ses défis, le film prend des allures poétiques plus séduisantes. Surtout quand elle épelle cotylédon *.
Avec ce quatuor désaccordé et névrosé - un mystique aliéné, une orpheline clepto, un fils qui cherche sa voie, une fille qui essaie de jouer les traits d'union - on s'imagine un brillant réquisitoire sur la nécessité de communiquer davantage entre soi, de partager ses obsessions. Hélas, les quatre ne communiquent pas mieux, pas plus. Cette stérilité des échanges frustre et conduit le film à une sorte d'abîme où les mots n'ont plus d'intérêt, et sont perdus à jamais. Il reste alors les gestes, les regards, l'affection. Mais tout est trop superficiel pour nous faire adhérer. Trop prude. Trop lisse. Trop américain.
Cette "mystic fever" ne nous atteint jamais, et n'a pas la fougue maladroite d'un Ferrara. Jamais les cinéastes ne font le lien entre la ferveur divine qui habite le père et son impuissance à garder le contact avec ses enfants. Jamais la caméra ne sort de son cadre très propre, restant à distance. Jusqu'au ridicule : quand la fillette se secoue sur la moquette de la chambre d'hôtel, en transe. Revoir une séquence de transe chez Gatlif pour la leçon.
Psycho et vide, le suspens tient en une lettre sur le mot origami. Qu'elle épelle avec un Y (ce qui se prononce why, traduction de pourquoi). C'est dire la portée philosophique du scénario. Cela conviendra parfaitement à un public jeune et adolescent. A condition d'avoir une cellule de suivi cinématographique derrière...
* Cotylédon : Les premières feuilles, ou feuilles à semence des plantes. vincy
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