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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Je vous trouve très beau
France / 2005
11.01.06
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A SON IMAGE
"- Expliquez-lui que je suis pas beau !
- Ben, elle le voit ! Enfin je veux dire… Elle vous voit !"
Une épatante première pour Isabelle Mergault dont le légendaire sens de l'humour et la place tenue au petit écran tendraient à faire oublier qu'elle est aussi scénariste et brillante dialoguiste. Un fauteuil de metteur en scène pour Mergault ? Après Meilleur espoir féminin dont elle signait le script en 2000, l'auteur-interprète n'aura pas endossé cette nouvelle casquette pour rien, sa touche tant humoristique que féminine ne quittant pas l'écran une seconde. Une toile modeste, teintée de jolies couleurs humaines, emprunte d'émotions, délicates surprises ci et là, fins comiques de situations, tendresse et universalité. Le tout en tempo. De quoi prendre toute la mesure des difficultés déjouées. Lorsqu'il s'agit de composer sur la rusticité du célibat en milieu agricole, mieux vaut s'armer de réflexion et patience si l'on veut conquérir le public. Dans un autre registre, Emmanuel Bourdieu s'y était essayé en 2004 avec Vert Paradis. Loin de cette précédente équipée qui surfait sur la vague "génération trentenaires en crise", Isabelle Mergault marie habilement fresque rurale et délicieux aléas de la vie moderne pour booster cette histoire de vieux garçon aigri qui se surprend à aspirer au bonheur.
Ambiance douce et vieille France sur fond de malaises contemporains et entrechocs culturels… Dans le genre, on n'évitera pas bien sûr bon nombre de clichés au tableau des personnages et situations typiques. Un monde agricole rustique, pragmatique, naïf, voire inculte ; pittoresque avec son lot de concours, commérages, rassemblement du dimanche au bistrot du coin et fans de soap operas. Sans oublier le cinéma populaire, en l'occurrence ici l'incontournable Grande vadrouille. Isabelle Mergault ne mâchera pas ses mots. Que d'ambiances faciles, sinon prévisibles ! Certes. Limitatives ? Assurément pas ; et c'est là que ça devient intéressant. Loin de nous offrir un mixage de produits du terroir, Isabelle Mergault tire délicatement tout ce beau monde vers le haut. Intimisme, spontanéité, franc-parler, authentiques vertus, petits et grands défauts : Je vous trouve très beau use de prenants reliefs et jeux d'esprit pour faire courir ses personnages offrant, l'air de rien, un inattendu jeu de chat et souris. Vif et subtil. Quoi de plus naturel lorsqu'il s'agit de course au bonheur, du simple fait de s'autoriser (ou pas) à vivre heureux. Entre tracteurs et poulaillers, Mergault nous conte les relations humaines. Candides quant à la découverte de soi, à l'ouverture aux autres ; adorablement vraies et décalées quant aux rapports entre cultures, entre sexes et générations. Contre toute attente – canevas romanesque oblige – l'aventure sonnera juste, sans trop d'excès, à une exception près : les ruptures de tons induites par la conversion d'Aymé. Je vous trouve très beau ne manque pas de nous révéler un nouveau Michel Blanc qui sait nous bouleverser comme il sait nous faire rire. Reste que certains monologues usant de forts jeux d'émotions déstabiliseront quelque peu son interprétation. Peu convaincant à nos yeux, face à la pétillante Medeea Marinescu. Rien qui viendra toutefois entacher cette belle histoire. On ne peut que saluer le comédien qui aura fait l'effort de se renouveler bien au-delà des performances qu'ils nous avaient déjà offertes avec Embrassez qui vous voudrez!. Du vert, du beau, du kitch et du vrai : pour son premier long métrage, Isabelle Mergault signe un puzzle des plus réjouissants. Une histoire simple ; un film débordant d'optimisme communicatif. A voir, ne serait-ce que pour ça.
Sabrina
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