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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cast away (Seul au monde)
USA / 2000
17.01.01
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CHASSE PECHE NATURE ET TRADITION
"- Je n'avais de pouvoir sur rien."
Cast Away aurait pu être LE grand film de Zemeckis. Bien plus réussi que Forrest Gump, moins didactique que Contact, plus subtil que tout ce qu'il a fait dans le cinéma dramatique, tout en étant divertissant... mais Cast Away a un défaut majeur : 20 minutes à la fin du film qui gâche cet ensemble presque parfait. Mais reprenons.
Cast Away est un croisement entre le mythe du radeau de la Méduse, la légende de Robinson Crusoë, et le voyeurisme actuel des reality-shows à la "Survivor" (référence la plus proche), "Big Brother" et autres "Temptation". Mais bien au delà de ce réel célébré à tout va, de ces extrêmes qui fascinent jusqu'à une surenchère dangereuse, Zemeckis nous livre un tour de force cinématographique.
Durant une heure et demi, il ne filme qu'un acteur (Tom Hanks, évidemment magistral), une île et cette eau omniprésente, et bien sûr peu de dialogues, pas de musique, et pas d'action. Le tout sans nous ennuyer. Sans la rendre paradisiaque, il nous montre tout l'apprentissage d'un homme face à son environnement, sans rien nous épargner. Allumer un feu se révèle à la fois très mastrubatoire mais surtout jubilatoire, car il signifie un acte de civilisation. De la même manière, enterrer un cadavre n'a finalement aucune importance existentielle. Rien ne se eprd, rien ne se créé. Ce survivant du pacifique en viendra à faire des peintures rupestres, à vouloir se mémorer ses connaissances humaines... il fera d'un ballon de Volley, un docteur Wilson jouant le rôle de gri gri, de compagnon, de présence. Evidemment, il frôle la folie.
Cette partie du film est réellement brillante, acceptant la lumière naturelle, le son des vagues pour seule mélodie, rabaissant l'Homme à un animal intelligent. La Guerre du feu n'est pas loin, la parole en plus. Nous nous retrouvons enfermés sur cette île avec lui. On ne sait rien de ce qui se passe ailleurs. C'est là le coup de génie du script. Il n'y a aucun échappatoire à cet exil forcé.
Aucune incursion du type "pendant ce temps là..."
Car le temps est bien la composante essentielle du film. Il s'arrête durant 4 ans sur une île. Le monde tourne mais a égéaré un de ses êtres humains. D'en faire un employé Fedex est évidemment l'autre bonne idée du film. Cet homme obsédé par le temps devient prisonnier d'un endroit où les saisons sont plus longues que les tours du monde en jet cargo. Du coup, après ce crash ultra-réaliste (Zemeckis ne peut s'empêcher de filmer l'effet spécial tellement celui-ci en devient dramatiquement beau), face à cet océan rugissant (qui rappelle The Perfect Storm), Hanks n'attends rien, si ce n'est d'improbables paquets Fedex, souvenirs d'une société baignée de CNN, photocopieurs Xerox et de colis express.
Aussi la première partie très speed amène brillament cette pause hors-zone, sans doute ce que Zemeckis a fait de mieux en 20 ans de cinéma. Capable de respecter toute l'essence même du cinéma : une caméra, un acteur, et un sujet. L'image au service d'un désir.
Dommage que tout s'effondre dans la dernière partie, lourde, pompeuse, classique, insipide. Mal bâtie et mal scénarisée, elle s'avère trop romantique et pas assez dramatique. Elle manque d'émotion, flirtant trop avec le côté fleur bleue. On ne ressent aucune blessure, aucune cicatrice, aucun sacrifice. Heureusement on évite l'aspect moraliste et le happy end attendu.
Dommage que là ni le temps, ni l'eau ne reviennent hanter l'esprit frocément bousculé de Chuck, sans son Docteur Wilson. Cette tyranie du temps est inexistente, sans raison. Cela se résume trop à de l'anecdotique, de l'explicatif. Du flash back : "et voilà ce qu'il s'est passé durant tout ce temps". (Faut bien rentabiliser le cachet d'Helen Hunt, inexplicable choix dans le casting pour ce second-rôle).
Il faudra attendre les toutes dernières scènes pour s'émerveiller devant ce film, avec un écho au début du film, mais aussi un signe quasi mystique qui conduira Chuck vers son destin. Cette douce lumière du Texas, ce néant géographique éclairent sous un autre jour l'espoir qui ne cesse d'habiter ce film.
Mais voilà, à cause sans doute de l'absence d'une intensité tragique ou d'une sensibilité bouleversante, Zemeckis vient de nous livrer -en prenant tout son temps, pour notre plus grand plaisir - un film qui glisse sur nous, comme l'eau. Mais qui sèche aussitôt au soleil, sorti de la salle. vincy
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