Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les bronzés (Amour coquillages et crustacés)


France / 1978


 



DE LA CREME

Le livre Bye Bye Bahia



"- Y a quel pourcentage de filles pour un mec ici?
- Ça dépend du mec.
"

Sea, sex and sun. La chanson annonce la couleur. Une forme de compilation d'idées simples. Le film est pétillant, léger, enfilant les perles (et pas seulement pour un collier Club Med), assez décousu, échouant parfois dans le drame, faisant mouche à chaque réplique. Le plus comique des trois mais aussi le plus anecdotique.

Il ne faut pas sous évaluer la portée sociologique de cette pièce transformée en film. L'amour libre et ses limites, le célibat mal vécu, les relations déjà impossibles entre Mars et Venus, la volonté de se déconnecter d'un quotidien oppressant... Le Splendid, en un film, a su à la fois croquer la middle-class qui forme son public, ces bourgeois incultes, et dresser un portrait assez juste des angoisses existentielles post-68. Entre ceux qui remettent en cause la révolution des moeurs et les autres qui n'ont pas envie de voir les choses changer.

Mais Les Bronzés c'est avant tout un festival de répliques, de dialogues, de soliloques déridant les zygomatiques. Se moquant d'eux, et de nous-mêmes, de nos petites lâchetés comme de nos rêves inaccessibles, ces prétentieux présomptueux ne se font aucun cadeaux.

L'idée est d'aller brouter le terrain de l'autre, version moderne de la chasse à coup de massue. Ce qui n'empêche pas les blessures intimes (toutes apparentes chez ces écorchés vifs) et les agressions humiliantes (et tordantes). La force du Splendid a été de ne pas se censurer sur le racisme, le couple, la sexualité, le colonialisme, l'injustice, l'inégalité... Ni sur les gueules en arrière plan, tableau cruel de la beauf attitude franchouillarde en vacances.

Poignant (mais pas trop), l'épisode a ses versants dramatiques, parfois habiles (Luis Rego), parfois forcés (la mort de Creton, conne, à l'instar de son personnage pourrait-on dire). Ce n'est pas encore tout à fait au point, cela donne un côté bancal à cette semaine ensoleillée (pas pour tout le monde). Mais en créant des moments visuellement mémorables (telle Aphrodite, Blanc sortant des eaux) et des séquences étonnement cocasses ou verbalement désopilantes, ils ont réinventé la comédie culte à la française.

Avec ce regard unique sur leur génération et ce talent singulier pour créer des personnages pas si iniques, ces Bronzés créaient ce qui allaient devenir une trilogie. Flingueurs pas si corniauds, ils déstabilisent un format institutionnel du rire. Le poussant vers l'énormité, l'extravagance même, ils puisent / pillent dans l'héritage humoristique tout en le décapant. Dessaoulé, dessalé, ce bric-à-brac farfelu et rafraîchissant va décloisonner définitivement la frontière entre le café-théâtre et le cinéma. Paradoxalement ce sera d'ailleurs la télévision qui va renforcer, au fil des ans, l'emprise de la troupe, comédiens corps et âmes quelque soit le média, sur le public français.
 
vincy

 
 
 
 

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