Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le dernier trappeur


France / 2004

15.12.04
 








L'EMPEREUR QUI MARCHE

Entre documentaire sur une profession en voie de disparition et fiction à sensations fortes et émotions simples, Le dernier trappeur est un objet rare, et précieux. On pourra s'extasier devant la beauté du Yukon, contrée canadienne rarement vue au cinéma. La province est essentiellement un personnage à part entière. La nature est cruelle, dure, méchante telle une femme fatale s'amusant de la persévérance de son prétendant. Le décor piège, ébahit, séduit. Huis-clos à ciel ouvert, duel entre l'homme et les éléments.
À cette dureté environnementale (le climat est rude) s'ajoute une précarité sociale (les temps sont durs). Entre écologie et économie, le portrait de cet homme des neiges fascine. Nous sommes admiratifs de ses combats personnels, de ses doutes, de ses convictions, de son acharnement (ou disons sa persévérance). ici point de 35 heures, de minimaux sociaux, de sécurité sociale ou de retraite. Seul le travail, et en fait son produit, est payant dans un monde où les peaux de bête ne valent plus grand chose. D'un point de vue occidental, on aurait tendance à répudier la profession : un chasseur sachant chasser pour nous vendre des fourrures. Mais il nous ait expliquer, intelligemment, l'utilité écologique et l'équilibre de la bio-diversité auxquels il contribue. De ce croisement entre un discours élogieux sur l'existence et une vision humble de l'homme au milieu de ses paysages, le film tire sa morale sur la place (biologique, sociologique) de l'homme sur terre, y compris aux marges du système et de la civilisation...
En démontrant que d'autres manières de vivre sont possibles, Le dernier trappeur est un hymne peu commun à la liberté individuelle, au sens le plus noble du concept. Mais le film dépasse son statut "film imax" en s'offrant un récit à la fois extrême (expéditions périlleuses), une observation quasi ethnique (la vie dans une cabane au Canada - mieux que Survivor - mais aussi dans le bled du coin), une histoire d'amour sans fioritures et belle (avec une Amérindienne, ode au métissage), et enfin un roman d'amitié entre notre héros et une chienne. Les conditions dramatiques sont créées, à chaque fois, lors de périples solitaires. Le film permet à cette chienne de devenir l'héroïne et facilite l'empathie pour ce trappeur parfois bourru. Car la psychologie n'est pas absente de ces épreuves exigeant du courage (physique, mental) et des connaissances. On en apprend autant sur le choix d'un promontoire pour une cabane que sur l'élevage de chiens de traîneaux que sur le prix de la peau de castor. Sciences et Vie à lui tout seul.
Grâce à une caméra jamais avare de belles images mais toujours efficace dans les situations les plus tendues, le film n'a pas un bout de gras et nous transporte dans un carnet de voyage sensible et vécu. Nous sommes conquis est espérons que ce dernier trappeur suscitera quelques vocations d'hommes avides de grands espaces et d'indépendance. Le dernier trappeur n'a rien d'une histoire de survie, c'est juste sur la vie.
 
vincy

 
 
 
 

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