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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un printemps à Paris
France / 2004
01.03.06
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DU RIFIFI CHEZ LES TRUANDS
"Tu vois, c'était encore un de tes coups foireux !"
Décidément, le cinéma français redécouvre le polar… avec plus ou moins de bonheur. De la part de Jacques Bral, bien sûr, rien d'étonnant. Le réalisateur de Polar et Mauvais garçon n'en est à pas à son coup d'essai. Surfant sur la vague de 36 quai des orfèvres et du Petit lieutenant sortis ces dernières années, il revisite le genre à sa façon, côté truands, avec une intrigue minimaliste et un rythme placide.
Et c'est vrai, tous les ingrédients sont là : les truands de petite envergure, la possibilité d'un gros coup, les complicités louches, les fourgues sournois, même le sang et les gros calibres. On est en terrain connu sur toute la ligne, jusqu'au personnage de Georges, vieux briscard à qui on ne la fait plus, qui boit des Fine à l'eau même s'il lui faut à chaque fois expliquer au serveur comment cela se confectionne et qui négocie les parts de butin en fronçant les sourcils pour faire intimidant. Peut-être un peu trop connu, le terrain. Les gros plans sur le visage fatigué d'Eddy Mitchell nous rappellent vaguement quelque chose en moins bien. Une sorte de Jean Gabin de pacotille, qui s'auto caricaturerait sans humour. Pas vraiment léger léger.
Ambiance poisseuse
Heureusement, dans cette histoire hyper classique d'un casse qui tourne mal, il y a Pierrot (Sagamore Stévenin, impeccable en play-boy charmeur et inquiétant), sorte d'Arsène Lupin des temps modernes qui se prend pour un gentleman mais a un comportement de cow-boy, au mieux. Au pire, de psychopathe. C'est par lui qu'arrive la violence sèche et rude qui insuffle un peu de tension au film. Lui qui s'avère le plus sombre et le plus original : tantôt dandy décadant, tantôt tueur cuir à la Matrix. Le plus intéressant en somme… auquel le film s'intéresse pourtant peu. Jacques Bral le montre en action, mais sans tenter de capter son intériorité, et laisse échapper l'élément le plus fort de son histoire.
Parce que pour le reste, il faut avouer que Printemps à Paris n'apporte pas grand chose au genre du polar. En tout cas, il ne le renouvelle pas, et se prend trop au sérieux pour être un hommage en guise de clin d'œil aux films criminels du passé. Pas qu'on s'ennuie vraiment devant les embrouilles en cascade et les événements qui dérapent, mais tout est pesant, comme figé. Jacques Bral joue sur l'ambiance poisseuse et la musique jazzy lancinante pour donner du style à un film résolument pépère.
Ici, pas de piège machiavélique qui se referme, pas de suspense, d'introspection. Juste une torpeur un peu languissante d'où les protagonistes n'arrivent pas à s'extirper. Le spectateur non plus, condamné à une contemplation un peu factice. Il est même privé du petit frisson final dévoilant un retournement de situation habile ou une machination inattendue. Ici, c'est le hasard, plus que le destin, qui contrarie sans éclat les aspirations des hommes. Aucun souffle épique dans tout cela. La fin n'est ni morale, ni tragique, elle est comme l'avait prédite Georges : foireuse.
MpM
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