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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'affaire Josey Aimes (North Country)
USA / 2005
08.03.06
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DETOURNEMENT DE MINEUSE
"- Vous trouvez que c'est dur à la mine?
Attendez d'être au tribunal...
Une meute beuglante de barbus et de moustachus (version Josey Bovey) qui conclue chacune de ses sentences salaces par un ricanement viril et général : voilà le contexte dans lequel la gracile Josey Aimes tente d'exposer, à l'ensemble de ses collègues réunis en salle de conférence, la vie de soumission que doit endurer une femme à la mine. Voilà surtout, concentrée en une scène singulièrement agaçante, la stratégie du film de Niki Caro. L'affaire consiste à opposer systématiquement une personnalité apparemment frêle à une masse indéterminée et sans visage (bien que poilue).
Sans visage justement, le professeur de lycée qui, on l'apprendra à la fin, viola jadis la jeune Josey (16 ans) est d'abord cadré sans tête (oui, comme les humains dans Tom et Jerry) pour les besoins du suspense. Parallèlement, par cet effet de la fiction, c'est le raisonnement de la réalisatrice qui est révélé : l'ennemi est un tout impersonnel, pire, un ensemble. Dommage pour la complexité du monde. Femmes, hommes et idées sont traités avec la même pâle désinvolture : comme un troupeau sourdingue à l'encontre duquel s'érige, fière comme une Marianne, l'incontournable Josey Aimes.
A vrai dire, L'affaire Josey Aimes ne tient aucun discours identifiable et ne fait qu'exposer des généralités, sans véritable volonté de comprendre. De sorte que le film est finalement vidé de tout féminisme, qu'il n'y a plus qu'à regarder, rien à penser.
La seule morale, peut-être, de cette histoire est à chercher derrière l'individualisme forcé de l'héroïne. Flanquée d'un père orgueilleux, d'une mère nonchalante, d'une amie gravement malade, d'un fils en pleine crise d'adolescence, d'une direction méprisante et cynique et surtout de collègues femmes qui font la politique de l'autruche, Josey Aimes est presque totalement isolée dans son combat contre ce harcèlement (psychologique et sexuel) quotidien. En fait, Caro filme cette histoire vraie (l'affaire Lois Jensen a été, dans les années 70, un cas emblématique de lutte contre le harcèlement sexuel, le procès n'eut lieu qu'en 1998) comme un mélodrame efficace, avec les coups de théâtre et l'isolement du héros que cela implique.
Or, l'histoire de l'affranchissement féminin n'est pas celle-là. Les avancées sociales sont toujours le résultat d'un long travail collectif. Seulement, cette histoire là est beaucoup moins photogénique. Axel
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