Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Wu ji, la légende des cavaliers du vent (The Promise)


/ 2005

15.03.06
 








FANTOMES DEPASSES

"A ce prix, vous ne pourriez même pas acheter des cadavres!!
- J'achète des cadavres, aucun d'entre eux ne survivra à cette bataille..."


Dragons, déesses fantomatiques, princesses, le cinéma merveilleux chinois semble parfois obéire à des lois qui frôlent le pittoresque.
Lorsque le cinéma occidental s'évertue à rationaliser, à justifier les moindres irruptions du surnaturel par tous les moyens narratifs (c'est le fantastique), les films asiatiques n'éprouvent en général le besoin d'expliquer aucune de leurs incartades féeriques (c'est le merveilleux). Les fantômes et autres oracles vont de soi, les personnages font des bons de cinquante mètres dans le ciel sans que cela ne surprenne personne. A l’inverse, les performances en "bullet time" des Matrix et autres nécessitent chez nous les justifications scénaristiques les plus alambiquées. Toujours est-il que si ce type d’"Heroic Fantasy" peut, entre de bonnes mains, occasionner des films aux attraits et à la grâce universels (les premiers Wong Kar Wai, par exemple), Wu Ji n'offre qu'un spectacle assez déplorable.
Chen Kaige, l'une des figures les plus respectées du nouveau cinéma (académique) chinois, se commet ici dans une production des plus sauvagement monotone, malgré une très déterminée débauche d'effets spéciaux et de couleurs. Pas un plan qui ne soit étalonné à la palette graphique, pas une pousse de bambou, pas le moindre brin d’herbe dont la prétendue authenticité verdoyante ne soit réaffirmée à l'ordinateur. Cette inclinaison est d'autant plus problématique qu'elle prétend justement restituer la réalité de chaque objet filmé et non l'enrichir d'un nouveau sens, dans un esprit plus pop (on pense aux films de McG). Ni plus authentique, ni plus beau, mais infiniment plus excentrique, le film se relève assez mal de ces débordants efforts colorimétriques.
Comment alors entrer dans cette histoire de destinées sentimentalo-martiales, de prédictions magiques, de princesses et d’esclaves moyenâgeux, sans un regard quelques peu rieur, voire moqueur. C'est l’implacable kitch-rigolo qui sauve finalement Wu Ji de l'ennui profond auquel il était promis.
Néfaste traversée de l'Oural pour un film à la mise en scène d'une accablante sagesse, dont la monocorde rengaine des champs-contrechamps, des glissades de doli, anesthésie l'œil, pourtant persécuté par la couleur et les circulations verticales, horizontales, transversales, bancales des corps débarrassés de leur pesanteur. Explosion baroque d’effets spéciaux donc, chez l’un des fers de lance d’un cinéma chinois qui, souhaitons-le pour l’avenir, ne sacrifiera pas son originalité à l’autel du logiciel.
 
Axel

 
 
 
 

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