Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Yuen Ling-yuk (Center stage)


Chine / 1992

01.12.99
 



LA GARBO CHINOISE





"- L’être humain est faible. Parfois on attend trop de lui."

Sortie en 1992, Center Stage, de Stanley Kwan, nous entraîne dans une fiction reconstituant la vie de la belle et mystérieuse Ruan Lingyu qui s’est donnée la mort à l’âge de 25 ans (1935). Le cinéaste et l’actrice Maggy Cheung sont les narrateurs de l’histoire (empruntant un regard documentaire au film).

Dès les premières séquences (les trois jeunes réalisateurs discutant dans le sauna), on découvre le début du "Star system" en Chine dans les années 20. La Mingxing et la Lianhua (deux grands studios de Shangaï) rivalisent dans la surenchère de star féminine glamour comme Hue Die ou Ai Xia afin de plaire au public chinois, bafouant la loi de 1772, interdisant aux femmes de se produire en scène. L’influence d’Hollywood est réelle en Chine (Chaplin, Griffith, Lubitsch, Borzage, CapraŠ) et la plupart des scénaristes et réalisateurs sont souvent acquis aux mouvements de gauche.

C’est à 16 ans que la jeune Ruan Lingyu effectue ses débuts au cinéma. Issue d’un milieu modeste, elle vit en compagnie de sa mère et de son jeune frère. Elle partage sa vie sentimentale avec Tsai Chu-Heng, interprété par Tony Leung Kar Fai, rêveur et fou amoureux de Ruan.

Au fur et à mesure, on découvre la filmographie dans le cinéma muet de la jeune star chinoise surnommée bientôt "La Garbo chinoise" pour son charme et ses fréquentations dans les milieux intellectuels et gays. Sur la musique Salsa ou Charleston, Ruan Lingyu vit sa jeunesse en allant danser avec ses amis (réalisateurs, actrices) dans les cabarets branchés de Shanghaï, malgré la tension militaire créée par l’invasion de la Manchourie par les Japonais en 1931.

Le film Femmes nouvelles, de Cai Chusheng, fut son dernier long métrage. Ce film dénonce les pressions de la presse en général sur les personnalités. Ce film sera conspué par la Critique chinoise (dans la séquence: la salle de projection, les journalistes quittent la salle sans attendre la fin de la projection). On voit le cinéaste Cai Chusheng abattu par les critiques assasines des quotidiens chinois.

Ruan Lingyu se sépare légalement de Tsai Chu-Heng contre une rente mensuelle. Le nouvel homme de sa vie est Waise Lee, interprété par Li Min Wei, un homme riche et marié à une autre femme. La star chinoise s’accommode de cette situation un peu spéciale à l’époque. Mais par jalousie, Tsai Chu-Heng, son ex-ami, révèle la situation d’adultère à la presse à scandale. Cela fait penser à la pression des paparazzi vécue autrefois par Diana, Princesse de Galles, ces dernières années. Ce film est touchant d’émotion. Stanley Kwan retranscrit formidablement l’ambiance des années folles et la vie d’une grande actrice chinoise nommée : Ruan Lingyu. "Sur les écrans chinois flotte à jamais un sourire, dont nous gardons d’autant plus la nostalgie qu’il devait s’éteindre prématurément" dixit Bérénice Reynaud (1999).
 
bertrand

 
 
 
 

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