Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Burt Munro (The World's Fastest Indian)


USA / 2005

22.03.06
 









VIEUX MOTARD QUE JAMAIS…

"On vit plus en 5 mn sur cet engin que d'autres en une vie entière..."

Au lendemain des attentats du II septembre, Washington fit convoquer les directeurs des grands studios : l’heure était venue pour Hollywood de contribuer à la reconstruction du pays en redonnant au peuple l’espoir en prônant les valeurs positives de la toute belle Amérique. Fabriquer des films où la volonté l’emporte sur l’échec ; la famille sur l’amitié douteuse, le patriotisme sur le débat critique ; en bref que Dieu charte la gueule à Satan… Les mangeurs de pop-corn ayant autant de conscience qu’une loutre, et leurs parents perdus à tricoter des drapeaux, les tentatives firent long feu et on en revint rapidement au B movie musclé et/ou horrifique pour la plus grande santé du box-office. C’était sans compter sur Roger Donaldson qui, sous couvert de film ultra-personnel et indépendant, offre directement aujourd’hui l’oeuvre étalon dont rêvait le gouvernement Bush... Un ouvrage à côté duquel le cinéma de Frank Capra ressemble à du John Waters ! Voilà donc un Burt Munro, Harley David old on a beach, qui durant deux heures ne croisera sur son chemin aucun antagoniste, nulle épreuve sinon celle de la course finale proprement dite qu’il s’est mise en tête de gagner et que tout un panel de personnages qu’il va croiser n’aura cesse d’ aider. Dès lors, la Californie et ses états voisins des années 60 pour Roger Donaldson s’apparentent à un jardin d’Eden où le serpent a depuis longtemps été dégusté à la sauce BBQ autour d’une Bud bien fraîche. Ici des flics qui l’arrêtent à 250 km heure sur une départementale sur sa bécane de 1920 et qui le relâchent tellement « le type est sympa », ailleurs des douaniers quasi en pleurs en constatant que la caisse contenant l’engin semble avoir été malaxée par le roi Kong (un autre néo-zélandais jaloux peut-être) avant de découvrir que.. ben non, le bébé n’a même pas une rayure. Ouf ! Oui mais pour quoi faire ? Comment toutes ces séquences font-elles avancer la dramaturgie en n’offrant aucune évolution au personnage ? A lire ou à entendre le gourou du scénario Robert McKee un film est une succession de conflits et « la fascination intellectuelle et émotionnelle que l’on éprouve pour un protagoniste et son histoire est proportionnelle aux forces antagonistes qu’il affronte ». Et constater dés lors à quel point « Burt Munro » est un film ennuyeux relève du pléonasme. A la lueur de ses précédents opus, on ne saurait vouloir nous faire croire, non plus, que Roger Donaldson soit un disciple d’Antonioni et de Robbe Grillet et un partisan de l’anti-intrigue (rires)... Maintenant, quant à offrir à ce vieux roublard de la grimace qu’est Anthony Hopkins de sourire enfin sans faire peur, la barre était haute et largement atteinte. Il donne la preuve combien la sobriété lui sied autant que le cabotinage. Mise à part quelques relents de bouts de viande entre les dents peut-être…
 
Arnaud

 
 
 
 

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