|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
I cento passi (Les cent pas)
Italie / 2000
23.01.02
|
|
|
|
|
|
EN QUETE
"- Il faudrait apprendre aux gens la beauté..."
Les cent pas commence par des vues de la vie d’une famille sicilienne traditionnelle : une " famiglia " rurale et étendue avec l’ensemble des oncles et des cousins. Lors d’un de ces repas de famille, le petit Peppino récite avec solennité un poème pour le cousin d’Amérique. Mais cette quiétude apparente cache les rapports de subordination et de solidarité mafieux. Sur la place du village, en face de la Mairie, un peintre - communiste - vient crier sa haine contre le système des dessous de tables et autres pot-de-vin. Toutefois, la dénonciation de ces magouilles recueille peu d’audience. La normalité de la vie de ces gens semble alors remise en cause, leur inaction devient complicité et connivence.
A la mort de son grand-père, victime de l’explosion de sa voiture, le jeune Peppino prend conscience de ce système qui oppresse insidueusement ses proches. Il s’engage alors contre le système et contre sa famille. Il contribue au lancement d’un journal - " L’idée socialiste " - et continue son action en lançant une radio pirate.
Un soulèvement contre l’ordre établi et un moyen de toucher directement cette foule muette mais sensible à cette parole libérée. Si l’impertinence initiale est mise sur le compte de la jeunesse, elle ne peut que gêner les tenants de la corruption, des trafics et des malversations. Avec lucidité, Peppino se dresse. En même temps, il s’isole et redouble d’énergie dans son entreprise avec quelques fidèles : conférences pour les étudiants, émissions fleuves, articles,... Sûr de sa voie, il ne veut entendre les mises en garde - notamment l’assassinat de son père.
Au-delà du récit de cette révolte, Marco Tullio Giordana évoque une génération italienne avec des références allant de Duras - une affiche de Hiroshima mon amour - à Pasolini - la lecture de vers pasoliniens à la mère - ou à Rosi - un extrait de Main basse sur la ville. Il confronte ces jeunes conscients politiquement et intellectuellement aux hippies qui apparaissent comme des êtres sans repères si ce n’est cette recherche de la jouissance individuelle.
Sa vie n’aura pas été un combat vain car l’espoir qu’il avait fait naître dans le cÏur des silencieux se réveillera à l’occasion de sa mort. Son enterrement prend une autre signification car les gens ne se réunissent pas seulement pour saluer cette voix libre mais aussi pour exprimer la leur contre la haine aveugle d’un système pourri. serge
|
|
|