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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La planète blanche
France / 2006
22.03.06
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JE M'EN IRAI DORMIR DANS LE PARADIS (?) BLANC...
"- Le soleil de mars permet de sortir de la tannière."
Marche de l'Empereur, Dernier trappeur, il semble que les vastes étendues glacées et enneigées fascinent les documentaristes français. Ultime en date, et davantage dans la veine traditionnelle d'un Cousteau filmant le fond des océans, La planète blanche est aussi consensuel que désuet. Une voix off, de très belles images, aucune histoire et une succession d'animaux dans leur élément. Mots banals qui parfois gâchent un peu la somptuosité visuelle. Qu'est-ce qui pourrait, cependant, inciter à voir cet univers d'hiver, hostile et secret, au cinéma plutôt qu'un soir à la maison? Le documentaire animalier cinématographique a besoin d'être régénéré pour dépasser ses cousins télévisuels, de plus en plus nombreux. Ici, trop classique, il nous faut résister durant la première moitié à un ennui rébarbatif qui séduira les petits mais endormira les grands.
Bien sûr ne soyons pas blasés : la poésie des aurores boréales émerveille toujours. mais pourquoi nous embarrasser avec une métaphore ethnique (les croyances des Inuits) en oubliant l'explication scientifique. Il y a là quelque chose de bancal, d'inachevé. Pourquoi prendre Jean-Louis Etienne si c'est pour se contenter d'un discours "folklorique" et infantilisant? A trop entendre l'écriture lyrico-dramatisante ("Sous la glace s'agitent des forces colossales...", "Au milieu du chaos un souffle de mystère...") on en rigolerait même...
Nous pourrions toujours nous boucher les oreilles. Ce serait regrettable puisque ce clip vidéo grandeur nature vaut le détour pour la musique mélodieuse et en adéquation de Bruno Coulais, bien inspiré et sans Choristes. Reste à admirer les ours couleur vanille, les renards rusés, les étranges phoques à capuchon, les bébés phoques mais sans B.B., l'impressionnante migration des caribous (et leur ennemi le moustique)... La réalisation plan plan, alternant les paysages et contemplations sur fond musical et l'action avec voix off en surimpression ne prend son élan, ô paradoxe, qu'une fois immergé sous l'océan. Créatures mystérieuses et plus intéressantes comme les méduses, les baleines "nonnes", pieuvre rouge géante (de loin l'épisode le plus "jules vernien"), elles offrent une réelle dose d'aventure. Hélas en surface tous les clichés volent bas : vous n'éviterez pas le chant des baleines.
Les centaines de caribous en mouvement, les morses qui se dorent la pilule nous surprennent plus. L'ours blanc étant une très mauvaise star , le fil conducteur s'est trop souvent cassé pour nous emballer. Il fallait toute la lourdeur de l'entreprise pour nous livrer, au final, une conclusion écolo et politique sur le réchauffement de la planète. (Le texte aurait mérité d'être un peu plus subtil).
L'âge de glace (et sa fonte) nous amuse davantage sous sa forme de cartoon 3D américain. Triste à écrire. Beau comme un fond d'écran ou un livre sur papier glacé, La planète blanche apparaît exactement pour ce qu'il n'aurait pas dû être : un zoo plutôt qu'une aventure. vincy
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