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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Separate Lies
Royaume Uni / 2005
29.03.06
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FATALES VANITES
"- vous êtes seul?
- Oui, viande froide, salade.
- ça vous dirait un plat de spaghetti?"
Polar étrange. Le suspens n'est pas tant de deviner qui est le coupable ou comment la justice officielle va éventuellement le coincer, mais plutôt de savoir si le mari et la femme vont rester ensemble à travers toutes leurs épreuves. L'homicide involontaire n'est qu'un obstacle parmi d'autres à leur bonheur.
La partie la plus réussie de ce film noir est sans aucun doute cet enfermement du couple, cette routine étouffante. Ces faux semblants de la société occidentale, ces jeux d'apparences de la bourgeoisie faussement aristocratique, ces frustrations d'une éducation anglaise coincée. Subtilement, par petits éclats (un dialogue, une révélation, un regard), Julian Fellowes brise la glace. Comme Emily Watson, après tant de soin et de temps à préparer sa recette de cuisine, casse le plat, soudainement, accidentellement. Là, le couple, lui-même construction à durée indéterminée, se fracasse. Film excessivement symbolique : ce qui lui donne une force que beaucoup n'ont pas mais, a contrario, un aspect didactique, binaire même à certains moments. A trop vouloir être intelligent, le film se perd parfois dans des propos trop appuyés ou au contraire trop elliptiques.
Reconnaissons que la tension dramatique et ce couple fascinant nous captivent. On se sent même happé par cette série de dilemmes universels et si humains, ce labyrinthe psychologique. Separate Lies ne ment jamais sur son sujet : comment faire face à ses responsabilités et gérer sa culpabilité, comment maintenir le bonheur malgré les malheurs. Mais surtout comment faire évoluer ses principes au milieu d'un désordre complet et parfois immoral.
Tom Wilkinson, intègre avocat en quête de vérité (il en gerbe tellement elle lui brûle le corps), trop impeccable mari, voit là ses limites : l'honneur, la sincérité, l'honnêteté sont moralement inattaquable. Elles deviennent, ici, malléables, selon que le coeur ou la raison sont en jeu. La justice des hommes a ainsi ses propres lignes jaunes. Deux poids, deux mesures.
Separate Lies en segmentant chacun des problèmes fait monter la sauce et alourdit la note. Au point de voir le docile personnage d'épouse modèle incarné magnifiquement par la trop rare Emily Watson, se complexifier. Le film devient alors une histoire de pardon, de sacrifice, de rédemption, de punition (divine), de justice, au sens humain du terme. Tricheurs ou menteurs, il n'y a pas de morale "classique" parce que les protagonistes ignorent le mal qu'ils font, voire ne l'ont pas fait volontairement. Le mal ronge alors de l'intérieur. La jalousie des coeurs l'emporte sur les rancoeurs. Rien n'est noir, rien n'est blanc. Chaque point de vue se défend.
Avec une économie de moyens remarquable et une histoire bien écrite, une mélancolie emporte l'oeuvre et nous immerge dans une belle atmosphère où les humeurs et les sentiments se froissent et se fracassent sur les faits têtus, la réalité obstinée, les actes parfois enlaidis ou embellis. Seul gros bémol : Rupert Everett, lifté, vieilli, assez secondaire et plutôt mauvais.
Mais cela ne gâche pas ce sillon mélodramatique, romantique qui se construit doucement, profondément : aucune vie n'est parfaite mais la patience et la liberté sont parfois bonnes conseillères. Laissez respirer l'autre. La mort nous prend assez vite comme ça...
vincy
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