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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Something Like Happiness (Stesti)
République Tchèque / 2005
12.04.06
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LES POUPEES TCHEQUES
« Les gens peuvent vraiment foutre leur vie en l’air. Spécialement ici, les gens ont un don particulier pour ça… »
Instigateur d’un renouveau de son cinéma national, Bohdan Slama pourrait s’imposer assez aisément dans le rôle pourtant toujours discutable de porte parole de sa génération; à l’instar d’un Cédric Klapisch qui fédère la jeunesse en capturant leurs questionnements au sein d’un quotidien en mode transitoire. Tout comme ce dernier, le cinéaste tchèque semble avoir trouvé un alter ego idéal en la personne d’un comédien (Pavel Liska, dont la juvénilité nonchalante n’est pas sans faire penser à celle de Romain Duris) pour nouer une collaboration étroite et évolutive, parfaitement adaptée au caractère intimiste de son oeuvre. Le ton et la forme distingueront en revanche radicalement les deux démarches artistiques des réalisateurs. La faute probablement aux contextes sociaux et politiques de leurs pays respectifs. Là où Klapisch brosse avec ses Poupées Russes un divertissement ludique et léger, Slama réalisera une chronique amère qui ne laisse que peu de place au superficiel. Pas question ici de zapping culturel à travers une Europe de bohème bariolée et fédérée à l’opulence matérialiste apparente. Sortant de l’ère communiste soviétique par la grâce de Gorbatchev, la nouvelle République Tchèque fraîchement amputée peine à se dégeler et son paradis ne semble de toute façon pas tant se situer vers l’Europe que vers les Etats-Unis. Cette absence d’intérêt pour Bruxelles à l’avantage des USA est une constante par ailleurs dans nombre de films venant de l’est, sans que la radicale alternative capitaliste étoilée d’Outre Atlantique ne représente un espoir véritablement assumé. Tourné en dérision, le candide rêve américain fait figure de placebo, un cachet pour enjoliver l’austérité présente, voire faire oublier les grands idéaux passés et ruinés. Car les cendres sont là et le film s’ouvre sur les anciens, attablés dans un café et chantant une triste complainte. Alcoolisme, aigreur et résignation constituent désormais leur ordinaire et offrent un lègue peu enviable à leurs enfants. Des héritiers qui du coup doivent se trouver de nouvelles valeurs en faisant abstraction de tout référent connu. Une jeunesse désorientée qui cherche sa place comme chez Klapisch donc, mais subissant une fracture générationnelle profonde et des perspectives bien moins souriantes.
Pour autant Bodhan Slama a le talent de ne jamais se laisser déborder par le pessimisme ambiant. Son film est avant tout porté par une véracité vivifiante interdisant toute déprime. On pense à Loach, Leigh, dans la veine réaliste énergique britannique, l’humour bravache anglais en moins. L’attention généreuse offerte aux rapports humains demeure en revanche semblable et aide à sublimer les errances les plus noires (la folie de Dasha) ou les dévouements les plus louables (l’intégrité de Monika). Si le réalisateur laisse son récit s’étaler sur plusieurs mois, permettant aux divers protagonistes de déployer toute leur envergure, il n’en conservera que les événements les plus essentiels, s’interdisant une longueur feuilletonesque. Privilégiant une narration épurée de tout effet tapageur, chaque séquence est découpée avec une précision qui témoigne d’une maîtrise évidente du sujet et d’un sens aiguisé de l’observation de ses contemporains. En absence d’artifices fictionnels mal venus, de volonté directive cherchant à apporter des solutions faciles aux maux insolubles, cette quête du bonheur en terrain miné n’offre peut-être pas le réconfort d’un happy end convenu mais elle convie à une série de rencontres enrichissante par le seul cachet de la simplicité. Objectif bien que tiraillé par une profonde mélancolie, Bohdan Slama nous laissera partager ses interrogations, dans les joies et les peines de ses concitoyens largués. Avec un sens de l’hospitalité réjouissant il s’impose indéniablement comme un témoin du réel à suivre.
PETSSSsss-
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