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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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DALLAS, TON UNIVERS IMPITOYABLE
"- Il faudrait un acte de Dieu. Et un Texan à la Maison Blanche!"
A une époque où les documentaires sont de plus en plus traités comme des fictions ludiques (cf Michael Moore), on oublie qu'Oliver Stone avait déjà ouvert la voie avec son JFK. Car où sont les frontières entre une bio (Garrison), une enquête (la mort de Kennedy), les faits (l'assassinat) et un film scénarisé, mis en scène, joué? Il n'y en a pas. Oliver Stone mélange avec maestria tous les genres et nous immergent dans un film qui chercher à approcher une vérité. Avec les moyens hollywoodiens. Car même ce film amateur tourné en ce funeste jour de novembre 63 semble avoir été fabriqué pour la thèse du réalisateur. Pourtant le script sert à démontrer l'inverse : s'il emploie une narration typiquement cinématographique (avec procès au final), JFK, qui implique toutes sortes de citations littéraires comme on implore un héritage culturel et politique, est en fait une thèse en deux parties. Démonter l'explication officielle. Et honnêtement, on a aucun mal à être convaincu. Et démontrer une théorie plausible autour du complot. Tout est dit avec Mr. X (Sutherland). Ce n'est pas qui on recherche mais pourquoi ont-ils fait ça. D'ailleurs le "qui" ne sera qu'un prétexte pour étayer les découvertes de Garrison. Il n'y aura pas un condamné officiel. Quant au pourquoi, il est annoncé dès les premières secondes par le président Président, Eisenhower, qui met en garde l'Amérique sur les dangers du complexe militaro-industriel, thème repris dans les récents films de Moore et Karel sur l'Administration Bush. Amère piqûre de rappel, Stone s'inquiète donc, en pleine Guerre du Golfe (la première), des véritables motifs belliqueux de son Gouvernement, et ce depuis 40 ans. Rien n'aurait donc changé. L'histoire se répéterait. Il est étonnant de voir à quel point JFK fait écho à de nombreux faits actuels.
Magnifiquement filmé, ingénieuse mécanique visuelle, cette dynamique, entre justifications et délibérations, donne à JFK une allure extrêmement contemporaine. Il n'y a nulle complexité. Il y a juste des images, furtives, qui vous rappellent leur place dans l'histoire, comme des inserts qui permettent une mise en perspective. Malin. Il y a une véritable inventivité dans l'écriture cinématographique. Stone n'avait pas volé sa réputation.
Costner non plus. Charismatique et discret, rigoureux et flamboyant, l'acteur incarne jusque dans les moindres détails, les moindres émotions un personnage d'idéaliste évidemment imparfait. L'acteur est alors à son meilleur. Il est le fil conducteur de toute cette oeuvre activiste. Stone en appelle à De Tocqueville en utilisant les moyens de Shakespeare.
Derrière ce coup d'état (avec une guerre en arme de chantage pour gagner une élection), le cinéaste explore surtout ses obsessions : la perte de l'innocence. Ici c'est l'Amérique qui en finissait avec cette virginité. L'Amérique violente et l'Amérique médiatique se croisaient pour la première fois avec une série de meurtres en direct : Kennedy, Oswald, Luther King, le frère Kennedy...
L'Amérique payait par où elle avait pêché. le traumatisme était ancré à jamais. cette télé si sage, si bien élevée devenait un lieu de violence, le reflet d'un visage criminel de l'Amérique. Depuis, tout a empiré. Il est d'ailleurs intéressant de constater la collusion des médias (pourtant privés) avec le pouvoir politique. Le mythe du journalisme américain, en quatrième pouvoir poil à gratter, en prend pour son grade. Stone dénonce une censure, un mensonge d'état, et des intérêts financiers. Ca ne vous rappelle rien? Et Costner / Garrison de balancer : "J'ai honte d'être Américain aujourd'hui." Il y a des films qu'il faut revoir : c'est sain pour le moral. vincy
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