Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Change moi ma vie


France / 2001

28.11.01
 



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Le livre Bye Bye Bahia



"- T'es comme moi. T'as que tes rêves."

Le film aurait pu être sordide, glauque, voyeur, malsain. Mais Liria Bégéja évite chacun de ces écueils par sa réalisation respectueuse, romantique, lyrique. Le sujet était casse-gueule avec tous ces talons aiguilles. Il en sort un film démaquillé, brut et suave, passionné et plein d'espoir, malgré la tragédie, la noirceur omniprésente, les abysses sentimentales des personnages. "Change moi ma vie" est l'histoire de deux destins qui se croisent de manière alétoire, sur un faux-semblant. Deux êtres perdus, déracinés, deux âmes égarées, qui se servent mutuellement de bouée de sauvetage.
Si d'apparence le film semble déprimant, il respire en fait d'un désir, d'envies, d'une volonté de vivre et de transformer son existence. Cette détermination rend l'oeuvre optiminste. Il y a autour un travail esthétique. La nuit sert de décor d'usage. Les lumières et les néons sont en arrière plan. L'image est lisse, presque trop belle, cinématographique. La réalisatrice film une réalité humaine. Elle se laisse fasciner par les visages, les gestes, la beauté des gens, maquillés ou pas, au théâtre ou sur le trottoir, snobs ou putes, travestis ou comédiens. Les deux se confondent au final. Jamais la ville n'envahit les plans. On la devine. Jamais le sexe ne se montre, exhibitionniste et obscène. Tout juste comprend-on les délires et fantasmes de détraqués ou de frustrés. Mais l'allégorie, le message l'emportent sur le dérapage, l'embarrassement.
On comprend surtout qu'avec de tels acteurs, Bégéja ait voulu s'attarder sur leurs profils et le moindre mouvement de cils. Cottençon en névrosée possessive a le rôle le moins aimable, mais néanmoins elle est tout aussi mal barrée que les autres. Bouajila s'applique parfaitement à jouer cet homme efféminé et si tendre, qui se mélange les hormones. Zem alterne la fragilité et le dégoût, la masculinité et l'homosexualité. Surtout, au coeur de tout ce ballet du bitume, il y a Fanny Ardant, visage défait en une seconde, passant de l'état de légèreté de l'être, virevolte et vivante, à celui de la détresse absolue, à la dérive, dans une dépendance affective maladive. Elle s'effondre comme personne, intérieurement, intensément, en touchant le fond, sans toucher le sol. Ardant incarne une femme sublime, libre, au bord de la folie totale, à part dans une société uniforme et conformiste. Elle accentue la confusion des genres dans ce chaos quotidien.
Change moi ma vie ne change pas la vie, ni notre regard. Il n'y a pas de propos humanistes ou de grande histoire d'amour universelle. Liria Bégéja s'attache à équilibrer la vérité des sentiments, l'imaginaire d'un monde marginal - sans le juger - et le tourbillon des hasards, fictifs ou possibles, pour tendre vers une générosité rare au cinéma.
 
vincy

 
 
 
 

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