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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Veer-Zaara
Inde / 2004
26.04.06
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POUR LA BONNE CAUSE
"-Tu honoreras tes parents en étant une bonne épouse, de mon côté j'irai réaliser le rêve de mon père au village. Et quand tu auras eu huit ou dix enfants, vous viendrez tous me rendre visite, et je t'emmènerai faire une ballade à vélo pour te montrer le nouveau village.
- Mais après avoir eu huit ou dix enfants, je ne pourrai plus monter à vélo.
- Là tu marques un point. Eh bien alors, je me débrouillerai pour trouver un tracteur"
Enfin un Bollywood pas complètement creux. Yash Chopra revient à la réalisation après sept ans d'absence et ça valait le coup d'attendre.
Yash Chopra nous livre ici avec son fils Aditya (scénariste) un film qui suit les codes habituels du cinéma hindi et nous balance d'entrée un passage chanté hyper romantique, avec Shahrukh Khan batifolant dans les herbes hautes, le blouson porté sur l'épaule d'un index nonchalant. On est encore une fois très loin de l'Inde réelle, la campagne est riante, personne ne meurt de faim, les prisons sont clean et une jeune Indienne peut prendre le bus toute seule sans que quiconque la regarde de travers. L'amour qui lie Veer et Zaara est bien sûr impossible, et les principaux intéressés choisissent eux-mêmes de ne pas mettre la famille de Zaara en difficulté, même s'il leur faut pour cela sacrifier le grand amour de leur vie. Toujours privilégier le groupe avant l'individu. Et puis on sait qu'on est à Bollywood grâce à l'inénarrable Sharukh Khan, fidèle à lui même, parfois émouvant en vieux prisonnier usé, parfois ridicule avec ses habituels larmoiements tremblotants.
Si le scénario d'Aditya Chopra sort du lot, c'est parce qu'il ne s'arrête pas à ce Roméo et Juliette à l'indienne. Veer-Zaara parle d'amour entre les peuples, et plus particulièrement d'une fraternité rêvée entre Indiens et Pakistanais. C'est un film qui demande très simplement : « pourquoi ça ne pourrait pas marcher ? ». Les Indiens et les Pakistanais y sont dépeints d'un même trait rousseauiste, avec des défauts acquis et des qualités humaines innées. Aucun des deux peuples n'est pointé du doigt. La famille Sikh de Veer adopte Zaara d'emblée et celle de Zaara refuse l'union des deux amoureux non pas à cause de leurs religions différentes, mais pour des raisons d'honneur et de calcul politique. La girl next door à forte tête du cinéma indien, Preity Zinta, défend avec sa malice habituelle la cause des fillettes indiennes, réclamant pour elles une instruction aussi poussée que pour les garçons, et la splendide Rani Mukherjee se bat avec éloquence pour une Justice équitable, qui accepterait parfois de se remettre en question.
Veer-Zaara est donc un film engagé, qui ne peut faire que du bien aux extrémistes de tous bords qui terrorisent trop souvent le sous-continent. Le mot de la fin y est déclamé par un avocat regrettant sa conduite immorale, et encourageant la jeune Saamiya à poursuivre son combat pour la vérité : "L'avenir de ces deux pays est entre les mains de jeunes comme vous, qui ne jugez pas les êtres humains en fonction de leur rang, de leur sexe ni de leur religion, qui ne ramenez pas tout aux souvenirs amers de 1947-1965 et 1999, mais qui souhaitez vous tourner vers l'avenir avec la Vérité et elle seule. Personne ne peut arrêter un pays où prévaut la Vérité".
On ne peut dès lors qu'encourager les réalisateurs indiens à nous offrir d'autre Veer-Zaara. N'en déplaise aux généraux rabats-joie. Asha
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