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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Terre Lointaine (Terra estrangeira)
Brésil / 1995
DVD le 4 mai 2006
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JE RENTRE À LA MAISON
"- Le whisky est le meilleur ami de l'homme. Un chien en bouteille."
Entre reportage à la Depardon sur ces âmes errantes emplies de Saudade (un spleen lié au mal du pays) et un film très inspiré des oeuvres de la Nouvelle Vague, Terre Lointaine n'est jamais à bout de souffle. Tout juste au bord du gouffre. Walter Salles et Daniela Thomas se sont attachés à trouver un équilibre entre l'observation sociale des immigrés et le lyrisme d'une histoire romantique. Parfois la contemplation oublie la fiction, ou alors les personnages s'emballent : c'est, après tout, le film d'un destin qui s'enflamme. Comme un fado incandescent dans le corps encore adolescent d'un homme en quête de sens. Le parcours d'un jeune homme qui rêve de sortir de sa cage à lapin de Sao Paulo. Génération égarée, qui ne sait pas où est sa place, entre altruisme et individualisme, art et routine, tentation occidentale et revendication locale.
Mais au lieu d'incarner la vie des autres, c'est celle de Paco qui va devenir romanesque. Voyage, contrebande, passion amoureuse, exilé malgré lui, il va croiser des silhouettes, des visages étrangers. Terre étrangère ou lointaine, cela se traduit de la même façon en portugais. Ces déracinés d'Angola, du Brésil, de Cap-Vert, tous échoués dans la mère-colonie de Lisbonne, amers envers ce rêve déchu et accrochés à cette cité des promesses, partagent cette intime mélancolie de l'éloignement. Cela les rapproche, c'est éphémère, car chacun, dans sa communauté, garde ses distances avec les peuples d'ailleurs. Conservant ses préjugés (réputations usurpées) plutôt que d'essayer de comprendre les nuances des mentalités, forcément, culturellement, différentes. Ce n'est qu'affaire d'accent, de coutumes, de saveurs, de parfums.
Terre Lointaine met en parallèle la circulation des hommes et celle des marchandises, en clandestins ou pas. Flux pas forcément libres. Toujours un peu périlleux. Ce thriller passionnel et aride, parfois austère et toujours esthétique, nous emmène, à cause d'une femme fatale et un peu trop sanguine, dans un fait divers plus violent qu'il n'y paraît. le montage alterne ainsi les images frénétiques à peine perceptibles et les visions caressantes de paysages sublimes. La torpeur semble parfois emprisonner nos héros, et soudainement, l'accélération nous rappelle un suspens qui peut s'avérer mortel. Cette incertitude permanente résume bien l'inconnu dans lequel s'enfonce le jeune homme, entre malfrats avec gueules de l'emploi et hantises de petit garçon.
Mais peu importe sa finalité, son retour aux origines (de son monde), nous ne sommes pas plus importants que des diamants écrasés en poussière. L'argent n'est qu'une illusion; l'essentiel c'est le son d'un violon. Ou l'amour et sa déraison. vincy
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