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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Secrets de famille (Keeping Mum)
/ 2005
10.06.06
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NOT SO SCARY POPPINS
« Vous devriez nous dire à qui sont ces deux corps démembrés…
- A mon mari et sa maîtresse, ils pensaient fuir ensemble.
- Alors vous les avez tués…
- Je n’allais quand même pas rester là sans rien faire ! »
Heureusement que Secrets de famille n’est pas à l’image de sa bande-annonce, avec des plans ridicules de la vieille gouvernante de la famille Goodfellow armée de son couteau de boucher à tous les coins de pellicule. Si cela avait été le cas, nous nous serions tous morfondus au fond de nos fauteuils en regrettant de ne pas être devant Silent Hill. A vouloir vendre leurs films à tout prix, les producteurs mettent ainsi parfois en péril le fruit de leurs propres entrailles. Pour ce qui est de Secrets de famille, non seulement la bande-annonce est trompeuse, mais l’affiche (française) l’est aussi. On nous y vend du Mister Bean alors qu’on s’apprête à acheter du Kristin Scott Thomas. Car c’est bien autour du personnage de Gloria que s’articule ce joli film au goût très british. Elle y joue la ménagère de moins de 50, encore désirable malgré les cernes causés par les aboiements nocturnes du chien du voisin, complètement délaissée par son révérend de mari, convoitée par son professeur de golf bronzé et lubrique et épuisée par les problèmes de ses enfants. La Thomas est parfaite, même dans les scènes où elle se réveille sans maquillage, son jeu est toujours aussi bluffant de naturel. Rien à redire non plus du reste du casting. Rowan Atkinson nous sert effectivement un peu de Mr. Bean, mais comment lui en vouloir? Son personnage, tout en étant vraiment drôle, réussit à faire passer bien autre chose que du rire. Atkinson est touchant en révérend attentif pour ses ouailles et en père de famille largué. Niall Johnson dresse ici le portrait des pères de notre époque, perdus, pas toujours responsables, écrasés par la présence et l’autorité que leur ont finalement pris les femmes. Toutes les attitudes généralement attribuées aux hommes lui sont retirées pour être redistribuées aux trois femmes du film : l’ adultère, dont se charge son épouse, qui gère la maisonnée entière, l'autorité, accaparée par la gouvernante pour le plus grand soulagement du révérend lui-même, et le goût immodéré du sexe, confié à la fille. Reste, du côté des mâles, le professeur de golf, interprété par Patrick Swayze avec un sens de l’autodérision qu’il faut saluer. Un coureur de jupon, certes, mais un bellâtre affligeant avant toute chose. Les temps sont durs pour le sexe fort… Impossible de ne pas se réjouir de retrouver également dans Secrets de Famille Maggie Smith, sur qui repose tout le ressort humoristique du film, cet humour noir typiquement british qui fait s’esclaffer les frenchies pourtant si durs au démarrage. Un humour tellement noir qu’on se prend vers la fin du film à se demander si la gouvernante ne va pas partir en quenouille. Malgré un scénario sans surprise véritable , l’effet de suspens reste ainsi intact, de même que le plaisir de suivre cette comédie familiale drolatique servie par un casting impeccable, sur fond de campagne anglaise. Un peu d’air frais venu d’outre-manche en somme… asha
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