Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Chicago


USA / 2002

26.02.03
 



QUEENS AS FOLK





"- Dans cette ville, le meurtre est une sorte de spectacle."

Chicago est un défi expérimental. Selon ses résultats, il entraînera, ou pas, une longue lignée de comédies musicales de Broadway adaptées par Hollywood. Souvent, ces projets ont été retardés, parfois indéfiniment; la plupart du temps le scénario butait sur le genre même : ce mélange d’action et de chansons. Des étrangers ont profité de cette valse hésitation américaine pour rénover la comédie musicale, à commencer par Lars Von Trier (Dancer in the dark), François Ozon (Gouttes d’eau sur pierres brûlantes), Baz Luhrman (Moulin Rouge). Chicago n’a ni la force, ni l’humour, ni même l’audace de ces trois films.
A trop vouloir respecter l’oeuvre de Bob Fosse (réalisateur de Cabaret et All that jazz), Rob Marshall lui fait honte. Ses talents de chorégraphes et un montage très "cut" ne font pas un film "moderne". Il se repose sur un seul et habile stratagème (subterfuge), dont il abuse jusqu’au bout, c’est à dire un montage en parallèle, où les parties musicales illustrent et traduisent les rêves et les songes. Une forme d’explication fantasmée en chansons. Les transitions sont hélas si appuyées qu’elles tuent la singularité de cette narration et prend le spectateur pour un imbécile. Surtout, il y a celle de trop. La séquence qui tue. Lorsque l’Hongroise, a priori innocente est pendue (ce qui passerait alors pour une condamnation de la peine de mort), il filme deux scènes : la pendaison réelle, dans le froid, et une allégorie sur scène, dans la chaleur des spotlights. La mort fait trop vite place aux bravos, et l’ensemble donne l'impression d'un spectacle, forcément insoutenable.
Si cet acte rappelle la fin de Dancer in the Dark, le piratage ne s’arrête pas là, puisque le morceau "Cell Block Tango" débute de la même manière (et dans une prison aussi) que "In the musicals" (les sons conduisent à la musique) par Björk. Pour le reste, il n’y a rien d’ambitieux et Chicago n’a ni le souffre ni la flamme nécessaires pour dépasser le stade des paillettes.
Certes, la direction artistique est sublime, impeccable même. Cette usine à tubes est un magnifique album du savoir-faire américain en matière de divertissement, qu’il soit scénique ou cinématographique. Aucune autre industrie du spectacle n’est capable d’obtenir le meilleur d’autant de talents. Ce perfectionnisme casse l’émotion, le charme, le plaisir, et du coup refroidit un peu le spectateur, qui s’attend à être chauffée par tant de jazz, de guns et de fun.

Et tout le monde n’est pas indemne à l’écran non plus. Ainsi la grosse déception (regrettable puisque c’est le rôle principal) provient de Renée Zellwegger. Son jeu, bien trop similaire à celui de Bridget Jones, n’en fait même pas une cruche crédible. Elle se fait littéralement dévorée par les autres tigresses. Queen Latifah, exquise matrone dominatrice et ondoyante, est géniale. Catherine Zeta-Jones, ardente et féline star désespérée, ne laisse pas une miette aux autres quand elle envahit la scène. Côté mâles, John C.Reilly nous livre un touchant Monsieur Cellophane, transparent et pauvre type. Excepté son numéro d’entrée, raté, Richard Gere, flamboyant, alterne les exploits en comédien, danseur de claquettes ou encore en one-man show à la barre. Notons aussi la belle présence énigmatique du superbe Taye Diggs en maître de cérémonie.
Ils (f)ont tous leur numéro. "La crème du crime" côtoie le glamour et le strass. L’esprit de la comédie musicale est restée : critique des institutions (il n’y a pas de justice), instrumentalisation des médias (des pantins même). Cette manipulation permanente ne sert désormais qu’à accéder à la notoriété, au prix de mensonges, de meurtres ou d’immoralité. Là, Chicago rejoint l’époque contemporaine sur le coût de la célébrité et l’absence de valeurs requise pour y accéder. Mais au final, le véritable combat est toujours juridique : de Zeta Jones ou Zellwegger, laquelle aura son nom en premier ? L’ordre alphabétique impose la blonde. Clairement, la brune l’emporte, haut la jambe. Et l’avocat Gere aura toujours du boulot, dans cette ville de gangs à Chicago.
 
vincy

 
 
 
 

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