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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Poséidon (Poseidon)
USA / 2006
14.06.06
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SANS DESSUS DESSOUS
"- Vous êtes courageux, vous avez sauvé tous ces hommes."
Enième remake, énième film catastrophe. Poséidon s’éloigne des quotas du film d’horreur pour mieux se ressourcer vers un type action divertissement, plus proche des errances aquatiques d’un James Cameron, Titanic en tête.
Dès le départ, le film se veut expéditif et rentre rapidement dans l’action. Mais ce qui est un bon point en terme de divertissement devient un défaut majeur pour toute la suite de l’aventure.
En s’entachant d’un début qui ne sert à rien si ce n’est filmer une chanteuse pendant trois plombes, le réalisateur saborde son propre film, et peut être aurait-il mieux valu pour lui de développer un temps soit peu ses personnages, pantins désincarnés dont la psychologie tient en un mot (héros, homo, latino...). Monotypes.
Durant tout le film, les braves survivants et sacrifiés demeurent le gros problème de Poséidon. Aucunement développés, caricaturaux, ceux ci n’existent que par leur physique. On trouve donc le vieux, le couple de jeunes, et puis l’enfant tête à claque. Tout le contraire des personnages originaux qui avaient chacun leur caractère propre et reconnaissable.
Ici donc, pas d’attachement, pas d’identification. Résultat: le spectateur se fiche totalement du sort de ces pauvres gens.
Enfin presque: pour qui aime le second degré, le film prend alors des airs de Destination finale, avec l’eau dans le rôle de la faucheuse, et l’attente de chaque mort comme de sa mise en scène devient le principal intérêt du film. Cherchez le Maillon faible...
Côté scénaristique, c’est la facilité qui l’emporte. Pour pallier à telle situation problématique, on en vient à adjoindre aux personnages des aptitudes qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. Un problème? Ne vous inquiétez pas, j’ai été sapeur pompier.
Et pour encore mieux s’enfoncer dans le caricaturale, le film se fait l’étendard de toutes les bonnes valeurs morales américaines : courage, sacrifice, mariage, puritanisme, etc. C’est l’éloge de la famille sur grand écran: Kurt Russell en père héroïque, sa fille toute prête à se marier (ils sont jeunes, ils sont beaux, et ils font ça dans les normes), avec en contrepoint une mère prête à tout pour sauver son enfant. Bien sûr on n’oublie pas de filmer la petite croix en médaillon lorsqu’un personnage passe de vie à trépas. Même plus besoin de pleurer, vous êtes d’ores et déjà inondé.
Ce qui faisait les qualités de l’original (beaux décors, joliment filmé) est ici remplacé par un jeu sur la surenchère : beaucoup d’explosions, d’étincelles, d’eau qui part dans tous les sens. Le problème? c’est un immense foutoir, comme pour cacher l’inaptitude du réalisateur à filmer une scène et la rendre palpitante.
Et malgré tous les dollars pas virtuels, le spectateur ne peut s’empêcher d’avoir la sensation de progresser dans un décor en carton pâte. C’est simple, on se retrouve toujours avec le même type de pièce renfermée, inondée en partie, sans oublier le petit rideau de feu qui flotte à la surface.
Toujours dans cette quête de la surenchère, on se retrouve avec des séquences qui, en se voulant impressionnantes, finissent par tomber dans le ridicule: c’est le cas lorsqu’un homme plonge la tête en avant dans l’eau couverte de feu, histoire de sauver tout le monde. A peine finira-t-il avec quelques traves de noirs sur son marcel blanc.
Parmi les points positifs, on compte malgré tout la présence d’une scène où le réalisateur réussit enfin à manier tension d’un côté, et claustrophobie de l’autre. En prenant ses personnages au piège dans un conduit fermé, le réalisateur réussit à créer un suspense habile, où le spectateur étouffe en même temps que ces personnages. Scène qui fait étrangement écho à une séquence d’Aliens, autre film de Cameron. Mais ce ne sera pas la seule référence à la saga. Un peu plus tard, on pense également à l’Alien de Jeunet et sa fameuse séquence sous-marine. A la différence près qu’ici, il n’y a même plus besoin de monstres, les personnages se mettent tout seul hors d’état de nuire.
On note en dernier point un clin d’œil amusant au film original (que nous ne dévoilerons pas), sous forme de faux espoir. La seule chose originale du film.
Voilà, finalement, pour qui cherche de l’action, au moins on ne s’ennuie pas. D’ailleurs il y a bien trop de bruit pour s’endormir (ils ont pensé à tout).
Alors Poséidon, film catastrophe? En quelque sorte. ninteen
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