Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Terreur sur la ligne (When A Stranger Calls)


USA / 2006

05.07.06
 








VOUS N’AVEZ PAS DE MESSAGE

"- Vous m’avez vraiment fait peur, si c’est ça que vous vouliez, vous avez gagné. C’est ça que vous vouliez ?
- Non."


Nouveau remake, nouveau film d’horreur. Chose importante à signaler: le film se classe distinctement dans la catégorie épouvante. Il s’agit en effet d’un film plus effrayant que véritablement horrifique. De ce fait : il ne faudra pas en attendre une goutte de sang, même lorsque nos protagonistes se feront charcuter. Chose qui rendra la scène un peu irréaliste. Terreur sur la ligne se veut ainsi plutôt abordable, les personnes sensibles apprécieront. Pas d’effluve d’hémoglobine donc, ni tripes ou boyaux. Ici il s’agira avant tout d’effroi. Pour le reste on conseille plutôt Isolation.

Dès le départ, le film aborde un schéma assez classique. L’histoire tourne autours d’une lycéenne dont le principal problème est le suivant: Bobby a embrassé sa meilleure amie (la blonde) : elle le quitte! Convaincante : le modèle de la teenage d’aujourd’hui, en plus polie (vous remarquerez qu’elle dit toujours "thank you" avant de raccrocher).
Pas de tensions, peu d’action et encore moins d’inquiétude. Le tout durant, au minimum, les trois quarts du film. Dans le même style, l’on trouvera nombre de situations qui ne présenteront guère matière à s'alarmer : caméra et musiques rendront les scènes angoissantes. Pas plus. Nul besoin de prendre un pic à glace dès le moindre bruit entendu…C’est peut être juste le chat (pauvre chat).

Dans son traitement, Terreur sur le ligne nous rappellera de très près Scream. Mais attention, rendons à César ce qui est à César: il ne faut pas oublier que Wes Craven s’est largement inspiré de l’original de Fred Walton pour la création de son film. Une bonne partie de notre présent cauchemar consistera à s’interroger sur l’identité du tueur. Alors… Est-ce Bobby ? Ou le fils dans sa cabane ? Ou encore le chat ?
Le psychopathe abordera d'ailleurs l’allure d’un Boogeyman solide et figé, dont la silhouette rappelle particulièrement celle d’un Michael Myers (Halloween), ou d’un Jason (Vendredi 13). Et pour bien faire comprendre qu’il s’agit d’un psychopathe, on en rajoutera une couche sur les respirations haletantes.
Autre bémol : les enfants, ne viendront ici aucunement servir le film, si ce n’est de chair à pâté. En fin de compte, ils deviendront surtout LE prétexte de notre héroïne…

Une réalisation classique, académique, mais efficace et sans prétention. Un brin d’effrois en ouverture avec ce montage "cut" à la Michael Bay, ponctuellement rempli d’effets gratuits. Rien d’irrémédiable. Le film se révèlera d’ailleurs plutôt bien construit.
Toytefois, la qualité de ce remake repose principalement sur son ambiance, à la fois prenante et divertissante: de la nuit obscure à l’eau forcément douteuse, en passant par le bruitage. Une vraie mise en scène de genre. Le réalisateur passera d’une chose à l’autre comme pour mieux nous encercler. Il parviendra toujours à garder cette tension en état. Simon West obéit ainsi à une des règles primordiales du suspense : pas de décrochages, on nous maintient enfermés avec les personnages. Ainsi quel choix judicieux que celui de la mise en scène au téléphone! En restant toujours sur l’interlocuteur, le réalisateur ne nous permettra pas de quitter la tension de la pièce. Suivant cette même lancée, la musique servira concrètement le récit. Remarquons cet évident travail sur la bande son (merveilleux cri du début)… Tout est là pour patronner l’ambiance.

Le titre original est en soi symptomatique (When A Stranger Calls, littéralement "Lorsqu’un un étranger appelle"). Malgré son manque d’originalité, Terreur sur la ligne se fait ainsi porteur des maux de son époque, et surtout de son propre pays: la peur de l’autre. L’enfermement chez soi devient le thème principal, et l’alarme, un facteur important de l’action. On vérifie au passage de bien fermer la porte du garage. Et enfin, il y a cet étranger, la source destructrice de l’aventure : le mal à l’état pur. Figure invisible, cela pourrait être n’importe qui.
Tout ceci était déjà présent dans l’original, mais Simon West parvient ici justement à proposer une version réactualisée de ce thème à la fois simple et efficace.

Enfin, notons que Terreur sur la ligne bénéficie d’une atmosphère teen qui le rendra plutôt sympathique. Outre les divers clichés (éternelle fête entre ados, pom-pom girls, etc.), on se retrouve ici en territoire plus que connu: celui du film d’horreur, la bonne petite série B à regarder sans déplaisir, avec ses codes et ses règles à respecter.
Un périple efficace, bien fait et sans prétention, qui manque juste cruellement d’originalité. On l’oubliera vite, mais ce fut sympathique.
 
ninteen

 
 
 
 

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