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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Entre deux rives (The Lake House)
USA / 2006
26.07.06
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(WAIT AND) STAY
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"- C'est juste le temps qui passe. Pas la peine d'en faire tout un plat."
Nuits blanches à Chicago. The Lake House est un étrange assortiment de drame crépusculaire (La maison du lac), comédie romantique moderne (Vous avez un message, Quand Harry rencontre Sally), de film à la mode se jouant des chronologies (The Hours). Une fois passé cette impression de déjà vu le (méli) mélo n'est pas avare en émotions. La mort, l'amour impossible, les rendez-vous manqués sont autant de bonnes raisons de pleurer.
En revanche, on ne se laisse pas si facilement emporter. La confusion des époques nous empêche d'être complètement ému. Le spectateur est perdu dans ce qui se déroule avant ou après, où il se situe dans le calendrier, si ce qu'on lui montre est rationnellement vrai ou pas.
Etrange sensation : nous ne croyons jamais à ce que nous voyons et nous avons cette réticence à nous laisser manipulé. Difficile en effet de laisser son esprit rationnel quand le film se veut si raisonnable (mise en scène, cohérence de chacun des faits). Hormis l'artifice temporel qui est le fondement de tout le scénario, rien n'est rattaché au fantastique avec lequel, pourtant, le film, puisqu'il se voulait perturbant chronologiquement, aurait pu flirter davantage.
Heureusement, cette mélancolie flottante d'êtres tristes et altruistes nous séduit par son aspect le plus évident : le romantisme. Une heure pour qu'il se rencontre (dans le passé). Et un peu de suspens pour nous faire palpiter notre gros coeur d'artichaut vers la fin. The Lake House n'existe que pour son couple (de stars).
Ces "enchaînés" font merveille, reconnaissons là une certaine magie du cinéma, même le plus banal en apparences. Sandra Bullock y est particulièrement craquante. Et Keanu Reeves révèle quelques failles inattendues pour ce genre de personnage. Tout y est en construction : bâtiments, relations, équilibres personnels. Des pères absents à cette maison de verre sans intimité ("Un mélange de Le Corbusier et de Frank Lloyd Wright"), cette jolie histoire se teinte de légères allégories, trop superficielles pour nous intéresser mais, néanmoins assez présentes pour dépasser le stade du téléfilm à l'eau de rose.
La patience comme vertu ("attendez deux ans alex"). Le destin comme une fatalité que l'on peut déjouer. Certes il auraient pu être moins compliqués. Dès 2004, ils se bécotèrent et eurent beaucoup de sentiments. Mais pas "speed", les deux tourtereaux n'auraient pas pu s'écrire tant de belles lettres...
La désuétude même de leur échange épistolaire (à l'ère du web) démontre une volonté farouche de croire que les plus belles choses sont atemporelles... Le film frôle là un thème que notre société trop véloce va devoir affronter. Mais le réalisateur a préféré refaire une amourette dans la veine d'Elle et Lui. Sandra et Keanu ne sont certes pas Deborah Kerr et Cary Grant. Et ici l'affaire est peut-être plus "oubliable". Reste que The Lake House est un peu au dessus du lot (et des flots) hollywoodien. Parce qu'il se laisse du temps et ne fait aucun compromis avec le rythme des films contemporains. Comme ces deux personnages qui se laissent deux années pour s'aimer. Ou cette maison qui ne se démode pas au fil des saisons...
V.
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