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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Napoléon (et moi) (N (Io e Napoleone))
Italie / 2006
18.10.2006
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JE DIS « N »
«– Ecris-le.
– Quoi ?
– Que Napoléon pleure.»
Après Monsieur N de Antoine de Caunes et le téléfilm interprété par Christian Clavier, voici le dernier projet ciné sur cet empereur qui, décidément, est encore très tendance. Cette fois, c’est un réalisateur Italien qui s’attaque au mythe en adaptant librement le roman « N » d’Ernesto Ferrero, best-seller en Italie. Remarqué en France avec son film précédent, Caterina va en ville, une sympathique satire sociale, PaoloVirzi cherche ici aussi à mener de front plusieurs aspirations: divertir, faire rire, émouvoir et, si possible, faire réfléchir tout en proposant un portrait du fameux « N ». Le sujet est intéressant : montrer un Napoléon vieillissant, en fin de règne, confronté à ses doutes lors de son séjour sur l’Ile d’Elbe. Et le confronter à un jeune intellectuel de province idéaliste qui ne lui pardonne pas ses massacres en Europe. Virzy choisit d’agrémenter cette trame historico-psychologique (Quel homme se cache derrière ce monstre sanguinaire ? Serait-il parvenu à conquérir son Empire sans massacrer tant de personnes ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Etc.) de scènes plus burlesques dans la tradition des comédies italiennes. Tout cela pimenté par une romance mouvementée entre le beau bibliothécaire de Bonaparte et la plus mûre Baronne Emila, mi-amoureuse transie, mi-pute.
La sauce prend-elle ?
Pas vraiment. Ou plutôt si, par moments, mais on reste sur notre faim. Le face à face Napoléon-Martino fait partie des réussites du film. Ou comment un jeune prof dont le rêve récurrent est d’assassiner l’Empereur en vient progressivement, à son contact, à apprécier l’être tant haï. Difficile en effet de ne pas être fasciné par le naturel et l’intelligence de cette légende vivante. Tour à tour grandiose et pathétique, philosophe et salace, séducteur et bourreau impitoyable, Daniel Auteuil incarne avec charisme ce Bonaparte joyeusement décadent en proie aux doutes existentiels les plus profonds. Et s’en donne visiblement à cœur joie : en italien avec un accent Corse, il réussit à donner corps de manière sinon crédible, du moins humaine, à la légendaire silhouette au tricorne. Face à lui, Elio Germano, malgré son entrain, parait bien terne avec ses faux airs de Romain Duris toscan.
Le volet mélodramatique du film, plus attendu, n’apporte rien au film. Et le personnage de la servante énamourée de Martino agace par sa niaiserie. Mais le film souffre surtout du manque de rythme lors des laborieuses scènes de comédie « à l’italienne », plus bruyantes que drôles. Monica Bellucci, belle comme jamais, n’a pas la fibre comique d’une Sophia Loren ou d’une Gina Lollobrigida, comme sa prestation en Cléopâtre dans le deuxième Astérix le laissait percevoir. Seule les scènes de disputes entre la sœur de Martino et son entreprenant futur fiancé arrachent, au gré d’une mimique, de rares sourires.
Ce divertissement historique à vocation grand public, parsemé de citations bien senties de Napoléon (alors que Martino l’invective sur ses milliers de victimes, Bonaparte s’emporte : «je ne supporte pas qu’on applique l’arithmétique à ma douleur»), ne transcende donc son ambitieux sujet que par bribes, grâce au seul talent d’Auteuil.
éric
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