Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Happy Feet


USA / 2006

06.12.2006
 



NOS VOISINS LES ALIENS





"- Pas besoin d'un oeuf pour être heureuse.
- Tu dis ça maintenant mais que diras-tu quand tes amies en auront un?
- Mais je t'ai toi.
" Tout est invraisemblable. Nous sommes dans la fantaisie, le fantastique. Le cinéma. Musical et dansant, allégorique et délirant. Le virtuel n'a jamais aussi bien collé au fond et à la forme. C'est Moulin Rouge au pays deL'Age de glace. Georges Miller est le Fabius du cinéma : autrefois il réalisait Mad Max, maintenant il se prend pour Jean de la Fontaine.
Happy Feet flirte avec la qualité des Pixar. Le scénario prend l'avantage sur le pastiche ou les références. Le cinéma, dans tous ses états, cherche un objectif unique : nous divertir. Miller va plus loin, en nous donnant la pêche. Pilule euphorisante où Fred Astaire se voit battu par un Manchot handicapé (il a les yeux bleus et ne sait pas chanter) et Olivia Newton-John mise aux oubliettes grâce à Brittany Murphy.
Et il y en a pour tous les goûts : de Prince à Pink, de la disco au mambo (remixés), en passant pas un Comme d'habitude version hispanophone chantée par Robin Williams.

tridimensionnel
La richesse d'Happy Feet c'est d'avoir plusieurs dimensions : les rapports "humains" (ici représentés par des manchots et des pinguoins, puisque les êtres humains sont considérés comme des "aliens"), le rôle du langage artistique et des sensations physiques, l'environnement.
Le dessin animé est évidemment un film sur la différence et la normalité (ou l'anormalité). Les papas couvent quand les mamans vont à la pèche. Notre héros n'est surtout pas comme les autres. Il fait des claquettes et chante atrocement faux. De quoi l'exclure du parti. Mais Mumble est rapidement attachant : déterminé et humilié, courageux et curieux. "Spontagneux." "Il fait trop exprès d'être cool." Là encore, on frôle les héros de Lasseter, qui ont leur chemin (calvaire) à parcourir comme une quête d'identité.

dancing in the white
Mais Miller, entre son compatriote Luhrman, la référence Disney et l'âge d'or d'Hollywood, a décidé d'y mêlé trois dimensions : les sentiments, les sensations, le langage. Les sentiments font appel aux mots pour s'exprimer. Les sensations, toboggan de glace ou autres action purement cinématographiques, n'ont besoin que de cris et de musiques. On est dans l"X-trême". Reste le langage. Ici, il est avant tout corporel (avec la danse) et musical (avec le chant). Hommage à des muses essentielles du 7e Art mais aussi finalement à ces expressions artistiques qui permettent à l'homme de tomber amoureux, de rester un peu animal, de ne pas être uniquement rationnel. L'intimité est aussi une aventure intérieure : les chansons, même d'amour, révèlent bien plus nos états d'âmes que de longs discours. Pas besoin d'avoir "de chanson de prédilection."

happy together
Cela fait de Happy Feet un mix de plusieurs intelligences, parlant à toutes les parties de notre cerveau. Jusqu'à nous faire une petite leçon d'écologie et de politique. Par la beauté de certains décors, saisissants de réalisme, mais aussi par ces quelques inserts où la planète est filmée à l'envers (tout un symbole) ou au milieu du cosmos : nous formons un tout, où chacun est relié à l'autre. La biosphère est commune. L'Homme, alien avec ses grosses machines, pillards de poissons, s'invite même dans ses scènes réelles, où le débat politique, même bref, démontre l'ambition originelle et audacieuse du cinéaste. Il n'est pas innocent de sa part de mettre à égalité les manchots et les humains, le dogme (ordre juste et repentance) des Manchots néo-cons (et religieux) et un rebelle qui vient foutre le bordel en métissant tout ça avec les autres : pingouins et autres cosmonautes.
De la même manière que Babe sauvait sa peau en devenant berger (en se donnant un rôle utile au sein de la communauté), Mumble s'allie aux "aliens" pour faire évoluer son espèce.

musique!
Le tout est réalisé avec brio, ce qui en fait indéniablement le spectacle idéal pour les fêtes ... L'animation prodigieuse nous fait immédiatement aimer ces peluches plus vraies que nature. Les plans où l'action prend le dessus ne souffrent d'aucun défaut. Même la musique est chic sous ses allures pop-rock. Attardez-vous sur les effets de lumières, somptueux. Happy Feet, en plus d'être beau, a du punch et de l'énergie à revendre. A rebrousse-poils des morales dans l'air du temps (y compris sur la notion de famille), vous y prendrez votre PIED : tout est question d'alchimie, de rythme, de feeling, même au cinéma.
 
v.

 
 
 
 

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