Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mauvaise foi


France / 2006

06.12.2006
 



CHACUN SA CROIX





"- Alors il est comment?
- Arabe.
"

Premier film de ce comédien estimable, Mauvaise foi révèle finalement une face pas si cachée de Roschdy Zem. La comédie dramatique et romantique est aussi politique en surface. Ouvertement quand il s'agit d'un débat de sourds sur le conflit au Proche-Orient. Plus finement quand il s'agit de son personnage : professeur de musique classique, sensible, féministe, gendre parfait... Le contre-emploi d'un arabe ou l'évidence même que les origines et la foi ne font pas l'identité? Mauvaise foi répond à cette question en louant l'idée d'un amour supérieur à toutes les religions, mais surtout en rappelant cet élément fondamental pour notre coexistence pacifique : l'appartenance individuelle à un groupe laïc.
Tendre, touchante, charmante, la comédie, au fil des scènes devient plus âpre, amère et même tendue. La foi s'en mêle, et la crise qui va avec entraîne les rebondissements nécessaires à tout scénario du genre. Ces rebondissements sont la faiblesse du film. Trop saccadés, peu fluides. Les scènes s'enchaînent avec logique mais sans réel liant. Nous suivons une histoire plaisante, mais il manque quelques phrases ou chapitres pour nous attacher aux situations. Et si tout va de travers, le film suit sa ligne droite sans sourciller. Cela qui lui donne aussi quelques qualités : une mécanique bien huilée, avec peu de gras. Ce sacrifice au rythme permet à ce premier film d'être divertissant, et décent. D'autant que Zem parvient à faire rire sur le racisme. Chose pas évidente. La sincérité l'emporte incontestablement sur tous les défauts épinglés plus haut.
Car, en bon comédien, le cinéaste a su s'entourer d'un bon casting, y compris les seconds rôles souvent drôles et marquants. Mention spéciale et sublime à Cécile de France. Elle a tout dune grande. Il la filme magnifiquement. Elle irradie de bonheur, tristesse, souffrance. L'actrice a les épaules assez large pour porter le film et surtout nous tenir la main quand notre attention retombe. Elle a surtout cette réplique définitive qui résume tout le projet pour notre plus grande joie : "- Et cet enfant, il sera Juif ou Musulman? - Il sera Français."
 
v.

 
 
 
 

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