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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mon meilleur ami
France / 2006
20.12.2006
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POUR ETRE MOINS SEUL
«- La bonne humeur c’est le début du bonheur.»
Le nouveau Leconte débute par un enterrement. De fait la messe est macabre et la comédie funeste. Le cinéaste a peur de s’émousser et souhaite arrêter le cinéma. Son requiem aurait-il déjà commencé ? Voilà un drôle de drame, où Leconte est plus à l’aise dans l’amer que dans le comique. Pire, il plagie Veber avec cette histoire (et ce casting) sorti de La Doublure.
En fait, Mon meilleur ami vaut de se dilater la rate grâce à ce Pignon de Dany Boon. En amenant un côté Amélie Poulain, et la meilleure séquence du film, le final « dramatique ». Nous y reviendrons. Hors Boon, peu de salut. La mise en scène est plate, l’image terne, le montage si nerveux qu’on ne sait pas où poser le regard. Tout comme Auteuil s’intéresse plus aux objets qu’aux autres, le spectateur en vient à oublier les personnages.
Pourtant l’idée de départ – l’amitié est-elle une valeur non marchande, idéalisée, propagée, publicisé ? – pouvait être porteuse de promesses. «- Les bons comptes font les bon amis. – Non les bons comptes font les bons comptes» ; «- Les cadeaux entretiennent l’amitié, mais ne l’achètent pas» ; «L’amour peut se vendre. L’amitié ne peut pas s’acheter.» Le film est recueil de slogans et proverbes détournés ou pas. Brèves de comptoir qui ne font pas un film, surtout quand les gueules en gros plans ne suffisent pas.
Un peu comme ce stage des 3S «Sympathie. Sourire. Sincérité », on n’y croit jamais. L’amitié dans son essence n’est qu’un « gimmick » pour faire avancer des situations déjà vues. Les femmes ont les rôles les plus attendrissants, les hommes héritent de bonnes répliques, mais tout cela ne fait qu’un divertissement cathodique. Les idées de cinéma ne fonctionnent carrément pas, comme ce cambriolage, factice. Il faut donc puiser dans la télé pour que le rire et les larmes fusent. La séquence finale permet de cinémascoper "Qui veut gagner des millions ?" Assurément le jeu y gagne en profondeur, en émotion. De même, grâce à ce jeu télévisé, le film devient enfin quelque chose de cinématographique. Paradoxal. Mieux, le joker du meilleur ami est sans aucun doute la meilleure interaction entre la réalité et la fiction. Evidemment, le suspens repose sur le fait que le spectateur ignore tout de la dernière réponse, à un million.
La fin aurait pu s’arrêter là, hélas l’épilogue décide d’être en demi-teinte. A l’image de ce dialogue très illustratif, évoquant finalement l’incommunicabilité et la solitude : «- Il n’y a personne que vous pouvez appeler à trois heures du matin ?
– Non personne.
– Même si vous avez un gros problème ?
– Mais je n’ai pas de gros problèmes.
– Bah si vous pouvez pas appeler quelqu’un à trois heures du matin.»
Un brillant exercice de dépressif anonyme : de quoi appeler SOS Amitié le soir de Noël si vous êtes seul... v.
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