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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le héros de la famille
France / 2006
20.12.2006
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HOMMAGE AU BORDEL HUMAIN
«- T’as vraiment maigri...
- 14 kilos.»
Il faudra, un jour, croiser les personnages de ces films chorales qui hantent nos cinémas deux fois par an, avec un casting permettant d’envahir toutes les Colonnes Morris. On retrouve ici la patte de Christopher Thompson, scénariste de sa mère (Fauteuil d’orchestre, même genre), et de Thierry Klifa dont les méandres des liaisons hasardeuses constituent un fil entre Yves Robert et Claude Sautet. Bien plus réussi qu’Une vie à t’attendre, ce Héros de la famille (en l’occurrence le fouteur de bordel) est un de ces plaisants moments où le plaisir provient davantage des visages qui se croisent que des interactions de l’histoire.
Impossible de parler de cette production sans s’attarder sur les têtes d’affiche. Tout est bien ciblé. La tristesse du vieux, la wonderwoman névrosée, le gay charmeur et tenté, la chanteuse glamour toc, ... un vrai Parfum de dames en noir et d’hommes pas tous blanc blanc. Lanvin se la joue comme toujours colosse aux pieds d’argile. Et parce que Miou-Miou et lui partagent une évidente fraternité, parce que cette même Miou-Miou, est le parfait double / opposé de Catherine Deneuve, elle sonne toujours juste. Quant à Deneuve, passé le choc physique (quelle idée de lui cintrer la taille), elle permet au film une certaine dynamique, une dérision bienvenue et quelques cocasseries joyeuses. Elle entraîne le film dans un cinéma plus baroque. De son apparition fantasmagorique par temps d’orage («Bah ça y est on est au complet») à ce secret de Belle de jour révélé au détour de couloirs souterrains et plein de toiles d’araignées. La grande Catherine, pourtant, démontre toute son efficacité dans une scène avec Miou-Miou, où les deux comédiennes s’offrent un numéro de haute voltige, entre ivresse et fou rire. Quand Miou-Miou dit à Deneuve «t’es encore belle» (alors qu’elle a bien vieillit), c’est touchant. Clairement, les deux femmes apportent un peu d’âme dans ce mélimélodrame.
De ces petits échecs de chacun, entre le dynastique et théâtral (façon 8 femmes) et l’oeuvre collective trop respectueuse des quotas, le film avance laborieusement... Les personnages nous intéressent, les acteurs nous font leur numéro de charme. Mais les situations, l’absence de rythme, l’enjeu trop imperceptible nous laisse un peu sur notre faim quand le prologue s’achève sur tant de mystères.
Les bons mots, la jouissance du jeu n’y sont pour rien. Il s’agit juste d’un scénario trop anecdotique, trop prétexte pour lier tous ces bons ingrédients. Problème de ton. On est entre le film noir, la comédie de moeurs, le drame décalé, le pastiche et le clin d’œil (La main au Collet), le music-hall. Bref, on flotte un peu sur toutes ces eaux. Certains instant sont inspirés (la pesée du « pédé »), d’autres ratés (Lanvin devant un baiser homo). Question de caméra.
Mais le sujet lui se donne sa chance : dommages collatéraux de l’enfance, la jeunesse, fantômes ridés, insouciance et trop conscience, bref l’homme et la femme qui se fripe et donc, qui se frite. Il faut du temps pour en arriver là. Que cette vie des uns et des autres aboutisse à un monologue (Deneuve again) sur les relations entre parents et enfants. Là, Le héros de la famille touche à son nerf, une forme de vérité bien sentie, bien dîte. Juste.
Dans le dernier tiers, quand le chœur chante en cœur, quand tout concorde vers l’usage de la corde sensible, alors, les trois générations du cinéma français - avec, toujours, cette transmission inconsciente entre Deneuve et Béart, ce cousinage évident entre Brasseur et Lanvin, cette fraternité flagrante entre Pailhas et Cohen (la véritable révélation charismatique du film) – s’achève sur un éloge du chaos sentimental, cette magie de la comédie humaine. Point de héros, mais une famille. Beaucoup de défauts, mais des souvenirs qui brillent. Comme dirait Miou-Miou, «on n’est pas en sucre, merde.» v.
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