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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le lièvre de Vatanen
France / 2005
27.12.2006
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LE LIEVRE ET LE TORTUEUX
"- Y'a même un mec qui a sauvé un lièvre !
- C'est peut-être l'inverse.
Soyons honnêtes, difficile d'être enthousiasmé a priori par une histoire de photographe sauvé par un lièvre. Même quand le photographe est interprété par Christophe Lambert, alias Tarzan. Rien qu'à voir l'affiche (un mignon petit lapin dans la neige, face à un homme émerveillé), la sonnette d'alarme interne de tout bon critique qui se respecte se met à hurler. Comme quoi, les préjugés, c'est stupide, et l'instinct du critique, une légende. Car celui qui prend le risque de regarder Le lièvre de Vatanen en sort forcément ravi (et un peu penaud d'avoir rechigné, il faut bien le dire). Le nouveau film de Marc Rivière est intelligent, drôle et bouleversant, et en plus il parle à chacun, puisqu'il y est question de briser ses chaînes, de changer de vie et de faire un pied de nez au destin.
Programme ambitieux respecté à la lettre par Vatanen, le personnage principal, interprété avec générosité et spontanéité par Christophe Lambert. Il fallait une fameuse dose d'abandon de soi et de confiance dans le jugement de Marc Rivière pour accepter de parler avec un lapin pendant deux heures sans jamais craindre le ridicule. Bien qu'on ne puisse non plus réduire le film à ce seul tête à tête. Vatanen et son lièvre vivent en effet un voyage initiatique picaresque et joyeux, parsemé de mini-aventures qui leur font rencontrer des chasseurs abrutis, un pasteur enflammé, un militaire malade de solitude, une scientifique qui compte les arbres… en somme, tout ce que la nature humaine compte de diversité et de richesse. Vatanen a beau fuir la compagnie des hommes, comblé par la seule présence de son lièvre, il porte sur ses semblables un regard bienveillant et complice qui innonde le film de légéreté.
On rit beaucoup, devant Le lièvre de Vatanen, grâce notamment au lièvre lui-même, mi-magique, mi-mutin, qui joue des tours aux imbéciles et donne des frayeurs à son compagnon humain. Qu'il boive de la bière et glisse sur le comptoir, s'emporte contre une émission culinaire cuisinant l'un de ses semblables ou attaque un ours, c'est lui qui fait le spectacle. Gonflé, mais crédible. Est-ce parce que Marc Rivière a placé son film sous le signe de la légende (celle d'un guerrier transformé en lièvre après avoir causé la perte de sa tribu et chargé d'aider les humains) ou simplement à cause de la simplicité de sa mise en scène ? Toujours est-il que l'on croit aux nombreuses péripéties, sans retenue. En funambule qui connaît son métier, le réalisateur joue sur la corde sensible mais ne chavire jamais. Aussi, lorsqu'aux moments de fantaisie pure succède tout à coup la nostalgie ou même le drame, cela ne fait qu'accentuer le parallèle entre l'existence de Vatanen et la nôtre (le lièvre et la magie en moins). Humaniste, vous avez dit humaniste ? Non seulement c'est juste, mais en plus ce n'est même pas un gros mot…
MpM
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