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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Une grande année (A Good Year)
USA / 2006
03.01.2007
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L'AMOUR EN HERITAGE
"- Il est inévitable de perdre de temps en temps. Le tout est de ne pas en faire une habitude."
Tout le problème de l'attente, du générique. Une grande année aurait été signé d'un réalisateur sans renommée, il n'aurait pas eu une star oscarisée en tête d'affiche, il ne serait pas annoncé avec tant de fracas marketing, nous serions peut-être passés à coté. Nous n'aurions pas vu autre chose qu'une charmante comédie romantique un peu simple mais attachante. Caricaturale, binaire, prévisible mais charmante au demeurant. Tout dépend ce qu'on attend d'un film, finalement.
Pour un cinéaste comme Ridley Scott, le cinéphile trouvera le résultat décevant. Pour le spectateur en quête d'une histoire qui lui fait oublier l'hiver, ses coups de blues, qui a envie de rêver à une plaisante histoire miraculeuse, le film répondra à ses désirs. Une grande année s'avère en fait un crû honnête. Un de ces films qui fera le bonheur d'un samedi soir relaxant.
Ici le temps se compte en vendanges, la Provence est pastel et chaleureuse, la City de Londres est bleu grise et froide. On ne peut faire moins inspiré. Crowe hérite d'un rôle monochrome, bluffeur, tricheur, menteur, célibataire. Dans cette bluette Harlequin, il se bonifiera au contact d'un amour d'enfance et surtout de son exact opposé : une jeune femme sincère, directe, généreuse. Marion Cotillard est parfaite pour alterner les mines de reproches et les sourires enjôleurs.
La France vu par le francophile Ridley Scott est juste trop proche de ces tableaux à deux sous qu'on trouve sur les étals de vendeurs du dimanche en zone touristique. Une Smart (ça fascine Hollywood apparemment), un air de Lolita (la chanson d'Alizée), et un doigt d'honneur à une bande de cyclistes en hurlant "Vive Lance Armstrong". Le film, qui se veut un hommage à l'art de vivre français, et cette douceur de vivre si latine, ne fait pas beaucoup d'efforts dans la nuance. Il n'y a rien à aimer au Nord. Tout est attirant au Sud. C'est Fred Perry contre René Lacoste. Un aspect bourgeois désuet et lisse. Cotonneux.
Mais derrière ce confort visuel, Une grande année, sans être de la piquette, laisse parfois un goût surprenant dans la bouche. Les effets de comédie sont bâclés à en devenir burlesques. Les dialogues sont d'une banalité à faire passer Besson pour un génie ("Are you Mad, Max?"). Le top étant cette réplique : "- J'aime votre accent. - J'aime ton cul." La BOF est plus inattendue. Le scénario ne s'embarrasse pas de temps morts et accélère les révélations. L'endroit est loin d'être enivrant. Mais ce n'est pas non plus du vinaigre ou un tord boyau. Juste une production surdimensionnée par rapport à son sujet. Où la morale se résume à prendre le temps de vivre. Encore faut-il en avoir le luxe. v.
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