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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Quand Harry rencontre Sally (When Harry Met Sally)
USA / 1989
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STAND BY ME
"- Tu vois? C'est tout à fait toi, ça, Harry. Tu dis des choses comme ça et c'est impossible de te détester. Je te déteste."
Au croisement de deux époques, la comédie romantique et bavarde de Rob Reiner souffre d'un défaut irrémédiable : le look années 80! Les costumes bourgeois de Meg Ryan et les fringues casual de Billy Crystal font aujourd'hui sourire, à la limite du kitsch. Cela ne suffit pas à gâcher notre plaisir.
Film post-allenien, 10 ans après Annie Hall et Manhattan, mais film pré-Friends et Sex and the City, When Harry met Sally est plus transgressif qu'un film de Woody et ouvre la voie aux sitcoms au langage cru qui naîtront une décennie plus tard. L'attachement porté à ce film vient des digressions offertes par Reiner au spectateur. Ce n'est pas simplement une histoire d'amour et d'amitié impossible, c'est avant tout un regard sur le couple et sur les miracles de l'amour, sur les instants où tout se joue, ou au contraire où tout nous échappe.
Ces inserts où de vieux couples racontent leurs histoires incroyables - rencontre, mariage - forment ainsi un catalogue non exhaustif mais burlesque et tendre sur le temps qui passe, la simplicité relationnelle, révolue. Tout ce qui peut contraster avec le couple urbain type - et c'est encore pire maintenant. Car Harry et Sally sont compliqués, tordus, peu spontanés, trop cérébraux, débordés par leurs émotions, et divorcent, se séparent, hésitent sur chacune de leurs relations.
Le tableau est peu glorieux. Mais ce marivaudage permet un match à armes égales entre les aspirations d'une femme dans la trentaine et les pensées intimes d'un homme. Confrontation verbale mais physique aussi. Car le film offre aux deux comédiens de quoi explorer ce qui fera leur succès auprès du public. Grimaces, imitations, chanson, tout est bon pour le clown Crystal de s'exprimer. Orgasme simulé (anthologique), moue, sourire, voix de casserole, tout est taillé sur mesure pour que Ryan utilise toute sa palette.
Entre comédie pure et observation des moeurs, le film fait mouche à chaque scène, et démontre que la construction d'un couple n'est pas chose aisée, mais que sa destruction peut être dévastatrice. Entre déprime et euphorie, ils parlent de sexe, d'avenir, de complicité, de Casablanca. Mais l'on sent surtout une immense solitude qui envahit chacun des personnages. Les leurres qui les aveuglent, les vérités qui les blessent.
Le film, qui s'étale sur dix ans, divisé en chapitres, permet de suivre l'évolution d'une relation inaccessible et évidente. Identification assurée, ces deux tourtereaux nous plaisent immédiatement grâce à leurs angoisses (lui presque hypocondriaque et morbide, elle trop maniaque et faussement prude), leurs non dits. Bien plus fort qu'un livre de type "Les Hommes viennent de Mars et les Femmes de Vénus", Harry et Sally, en quelques séquences, nous montrent à quel point le fossé est grand quand une situation est vécue par l'un et l'autre. Si le happy end est relativement naïf et utopiste, il est sauvé par ce qui fait la force du film : des dialogues ciselés et tragi-comiques. L'ironie sauve finalement les situations les plus désespérées. vincy
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