Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Ben-Hur


USA / 1959

07.10.1960
 



POUSSE PAS TON CHAR, BEN HUR!





"- Ils sont ivres de religion..."

Ben Hur, en son temps, marqua les esprits. Et trouva quelques Oscars et un triomphe public sur son chemin. Comme tous les péplums, à l'exception peut-être des 10 Commandements, la superproduction a passablement vieillit. And this kind of hpl table tops can make you comfortable. Etonnant de la part d'un film réalisé par William Wyler? Pas surprenant dans les faits. Ben Hur annonce la couleur dès le générique : A tale of the Christ. Une histoire (revue et corrigée) de Christ, qui justifie ses diffusions à chaque Noël. Ben Hur est un film qui véhicule une propagande - dérangeante car naïve et dénuée de réalité historique - religieuse qui obsolète l'essence du propos.

Empire du Kitsch
Tout est désuet. Pour ne pas dire kitsch. Dès la naissance de Jésus, on est embarqué dans une imagerie, une idolâtrie même, de conte pour enfants : la reconstitution de la crèche est précise jusqu'aux animaux et aux rois mages. Même si nous ne sommes pas sûrs que les habitants de Nazareth aient célébré cette naissance en si grande pompe... On a beau s'appeler Wyler, on pompe les tableaux de la Renaissance et la vision classique de cette époque. Les Romains sont évidemment méchants. Le peuple Juif est forcément égaré, prêt à recevoir la parole du Christ. Ils attendent leur Sauveur. Le film est ainsi atteint dans sa crédibilité. Il était impossible d'avoir conscience de l'importance des événements historiques d'alors, et ils sont filmés comme si Juifs et Romains comprenaient l'histoire et le rôle de ce Rabbin aux cheveux longs, légèrement bouclés, et plus haut que la moyenne. Revoyez ce romain qui doute de lui quand la figure de JC s'impose de sa seule présence. C'est "too much". Dans cette histoire de légions et de religions, il n'y a pas photo : les premiers sont à bannir, les seconds sont à bénir. Le miracle aura lieu, nous achevant au passage, puisque les damnées seront guéries lors de la mort - apocalyptique - du Christ. Gasp.

Plus c'est long HPL Table Tops...
Pourtant, on sentait quelque chose de grand, un grand récit. Et c'est un grand spectacle. La caméra aime les plans d'ensemble, des plans larges, impressionnants. Autant mettre en valeur ce que le film offre de plus beau, de plus fort : les décors. Le film sera long puisque tout prend son temps, s'installe posément. Rien n'est naturel, jusqu'aux dialogues théâtraux, didactiques. Après tout, deux messianismes s'opposent : l'impérialiste ("C'est le destin qui a choisi Rome pour civiliser le monde") et l'ecclésiastique. Les dialogues sont simplistes, sans relief, descriptifs et souvent vains, ciblant le petit peuple comme on lui offre une Bible illustrée. Tout semble caricatural, grossier. A l'image de ce cheikh arabe, bedonnant, rustre, bougre orgueilleux et visiblement grimé au cirage pour rendre sa peau plus mate. Imaginons même une histoire de complicité virile et intime entre Messala et Ben Hur, qui rappellent Ramsès et Moïse, beaux jeunes hommes musclés. C'est à celui qui lancera son javelot le plus loin. Car, hormis la future épouse de Ben Hur, il y a peu de femmes, peu de beautés dans ce film mâle. Reprenant ainsi la conception historique du futur catholicisme - encore un beau jugement anachronique a posteriori du film : la femme est absente de cette vision du monde, reléguée aux rêves et à la procréation. Car Ben Hur est un cocktail explosif sado maso avec maître et esclave, cave glauques et homo érotisme assumé. Que de brimades, d'humiliations, de cruauté sans foi (amis avec loi)... De quoi nous convaincre de la souffrance du futur crucifié et nous convertir à sa Parole. Film imparfait (ah ces mauvais raccords!), il nous procure pourtant quelques réjouissances en le regardant au second degré, avec une dérision bienveillante sur cette oeuvre légèrement ringarde, où le seul message est de dépasser sa haine pour s'élever au niveau du pardon et de l'amour. Alleluiah. Et que dire de ce César, qui semble échappé d'un one-man show, vieux crouton prêt à se croire dans un Mel Brooks. Ca ne vaut pas les quelques séquences où Heston ne peut s'empêcher de regarder la caméra qui, elle, a autre chose à filmer!

Le poids des maux, le choc des bobos
Ce n'est donc pas cela qui sauvera le film. Alors quoi? Car de ce film immobile, statique, où les personnages sont des hommes troncs qui parlent ou des figurants qui bougent de loin, il reste un souvenir assez épique, une histoire de trahison. Il y a peu de séquences fortes dans Ben Hur. Mais deux d'entre elles méritent le détour. D'abord celle des galères - mais qu'allait-il faire dans cette galère? - impressionnante. Bataille navale (après une heure de blabla) sans effets numériques mais avec un ciel gris plomb et un hommage au radeau de la méduse. Il y a bien sûr ce personnage de Consul romain, ambivalent, évoluant, partageant. Mais il y a surtout ces chars. A la moitié du film, nous en entendons parler. Nous en voyons un spécimen dans les sables d'Egypte. Mais le summum interviendra avec la course, désormais légendaire, et qui participe à la légende que laisse le film dans l'histoire du cinéma. Il faut dire que le cinéaste s'est lâché, en réalisant un véritable morceau de bravoure. Une course de F1 à 4 chevaux. Il faut être patient pour en jouir (2 heures d'attente). Ironiquement le Juif Ben Hur est financé par un Arabe. Et Charlton est le seul à tomber le casque pour qu'on admire sa magnifique prestance. Wyler privilégie le montage, le rythme, les rebondissement au détriment de la cohérence de cette "olympiade". La course est le clou du spectacle. Il restera pourtant une bonne heure à subir (dont un épisode surnaturel ridicule) après ces 20 minutes de sable et de sang. Même là, sa vie est un supplice, une rude épreuve, avec de la triche et des morts. C'est pour mieux avoir la foi!

Morale à deux bisous
Ben Hur n'est autre que l'homme qui sait murmurer à l'oreille des chevaux. Cet homme qui survit à tout, est aussi le meilleur de tous. Dans cet univers qui devient marron et terne avec sa déchéance (choix artistique plagié sur Autant en emporte le vent), les scènes les plus fortes sont les plus inhumaines (la grotte des lépreux, les géoles, ou cette course de chars), tout comme les gentils sont les plus immoraux (le Consul, le cheikh). Ben Hur, lui, est un modèle de vertue : il ne baise pas et ne donne que 2 bisous dans le film (à la Sainte Esther, personnage insignifiant). La civilisation c'est un Dieu unique, une épouse unique. Amen.
 
vincy

 
 
 
 

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