Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


Haut et court  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 25

 
Mon frère se marie


/ 2006

31.01.2007
 



BOUILLON FHO PLEIN DE VERITE





"- Les voisins nous appelaient la famille Kelloggs."

Comédie amère franco-suisse (est-ce la meilleure définition?), le film cousine fortement avec le bijou d'Ang Lee, Garçon d'honneur, et même, un peu, pour la caméra subjective, avec le culte et helvétique Garçon stupide. Cependant, Mon frère se marie a, tout de même, sa propre personnalité. Par son ton - joli assortiment de dérisions, gags, maladresse, tension psychologique, situations bancales, répliques cinglantes et non exemptes d'humour - le film, aux contours anecdotiques, dévoile un caractère plus trempé qu'il n'y paraît. Nous rions volontiers; nous sourions tout autant. Tant de drôlerie décalée malgré les petits drames sous-jacents pourrait suffire à notre bonheur.
Derrière ces alléluia africains, ces chansons asiatico-kitschs et ce Mont Cervin emblématique, la réalité du propos est toute autre. L'image de cette famille idéale dans un endroit paradisiaque et prospère il y a encore dix ans renvoie à celle d'un pays qui a suivi la même évolution. La comédie aborde alors l'obsession suisse du moment : la décomposition de cette confédération, son désenchantement, la grâce déchue. La famille et la Suisse se confondent dans le constat et la tentative de réconciliation, d'explication.
Le film tente idéalement de réunir cette famille, de la reconstituer. Un groupe voué à être figé sur une photo de carte postale d'un autre temps. Le divorce, le chômage, l'individualisme ne peuvent pas être battus. Autant de maux qui ont mis à mal le modèle économique du pays. La mystification, pour la façade, ne tiendra pas longtemps. le pays est dans un sale état, les divorcés, célibataires et futurs mariés prend des coups. Good bye Lenin familial le temps d'un week end. Ici, aucune révélation dramatique ou de coming out. Juste des meubles mal vissés qu'il faut essayer de ne pas casser. Quelques torchons sales à laver avec des serviettes pas très propres. Quelques ecchymoses à soigner, des bleus à prendre. Les personnages évolueront, leurs relations avanceront. Thérapie de groupe. Naïvement, la mise en scène utilise soit la caméra vidéo familiale prenant à témoin chacun des membres, soit un cinéma plus réfléchi, cherchant à capter le désespoir des uns et des autres. La recomposition et les tentatives de réparations ne permettront jamais de fusionner ces deux styles, ni de rendre la photo familiale moins jaunie. Tout juste sera-t-elle réactualisée et plus proche du présent.
Sans trop de dialogues, parfois avec un peu d'action (c'est un grand mot) : les faits et gestes comblent l'impuissance de la parole. Personne ne s'écoute, et c'est ici le coeur du drame. L'égoïsme a tué la Suisse et donc la famille (ou l'inverse). Le casting fait le reste, pour notre plus grand plaisir. porté par le duo flamboyant Bideau / Clément, lui légèrement dépassé, elle doucement allumée, le groupuscule, cohérent, même avec sa partie vietnamienne d'importation, permet de croire et d'adhérer à cette générosité d'autrefois , cette amertume d'aujourd'hui. De par le mariage / métissage, le réalisateur apporte, qui plus est, la réponse pour que la Suisse croit à son avenir, et les "kelloggs" aussi. Cette fondue helvetico-vietnamienne devient alors un mix délicieux et gourmand où les saveurs et les émotions nous régalent le regard.
Finalement les boat people n'étaient pas ceux qui échappaient à la dictature communiste mais bien ce quatuor emprisonné dans un modèle socio-économique à la dérive. Ode à l'ouverture aux autres, Mon frère se marie évoque le désir de ne plus être figé dans une image factice. Souvenir de montagne ou utopie mensongère.
 
v.

 
 
 
 

haut