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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Rocky Balboa (Rocky VI)
USA / 2007
24.01.2007
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PAPY BALBOA
« - L’important n’est pas de taper le plus fort, mais de savoir encaisser les coups les plus durs. »
Stallone ne lâche pas l’affaire : un sixième Rocky plus de trente ans plus tard, et totalement déconnecté de son contexte d’origine. Ce que l’acteur nous propose avec cette suite se présente très rapidement comme une énième version de son film original, en 'laxant davantage sur les qualités du premier opus que sur les défauts des dérivés qui ont suivi. T tout le film se résume involontairement (?) au travers d’une tirade symbolique entre le papa et son fiston qui lui reproche de lui faire de l’ombre. L'ombre et la lumière, difficile de raccrocher les gants. Ce reproche pourrait lui-même être adressé à l’encontre du film, comme si Stallone ne parvenait pas à quitter le ring, 30 ans après son carton. Rocky Balboa boucle la boucle et rend le meilleur des hommages à l'original, comme un fantôme hante un manoir : les mêmes lieux, les mêmes scènes, la même musique. Comme s'il était devenu impossible à Stallone de se séparer de cette montée des marches sur fond de musique entraînante, comme si cette séquence ne pouvait pas s'imaginer autrement, portant au pinacle son héros, faisant des images une mythologie visuelle. Le temps d’un instant, le film monte crescendo mais redescend aussi, puisque l'oeuvre est désenchantée dès sa naissance. Le film ne peut pas voler de ses propres ailes, plombée par le père (le film de 76) et par son sujet (un paumé qui a réussit, qui a tout perdu, qui mourra un jour).
Pendant une longue première partie qui manque de souffle et d’intérêt, Stallone s'aventure dans le mélodramatique. On palpe le désir du réalisateur de mélanger les genres et de ne pas se contenter du film boxe aux combats spectaculaires. Il y a cette envie d’y incorporer des éléments personnels : « le plus important, c’est de savoir encaisser et de continuer», « ça te fâche qu’ils ont détruit ta statue ? », des phrases qui font écho à son propre statut à Hollywood. Miroir mon beau miroir pourquoi ne suis-je plus le plus beau, le plus grand, leur héros? Stallone, pourtant, ne parvient pas vraiment à nous toucher la corde sensible. La vérité ne fuse pas. On sent encore un brin de calcul pour un gros come-back. Là encore à l'image de son synopsis.
Dans un dernier élan, le combat final nous réveille, malgré son aspect brouillon et surtout la faiblesse de sa dramaturgie qui nous fait regretter Million Dollar Baby. Ce Rocky Balboa n’est plus qu’un challenger hors-ring. La réalisation s'avère intéressante lorsque Stallone prend le parti pris de filmer son match comme un vrai combat de boxe, de manière réaliste, avec des angles de caméras typiques des rretansmissions cathodiques, et surtout cette image numérique qui n’a plus rien à voir avec celle classique de la première partie, plus rêveuse et granulé. Pourquoi n'a -t-il pas pris ce risque là en permanence mettant K.O. l'esthétisme de studio?
Les personnages ont perdu en profondeur et son davantage stéréotypés ; on se retrouve alors avec une vision embarrassante de la jeunesse qui ne se limite qu’à la pauvre racaille de base : rap, respect, "wesh wesh" et compagnie, ... Où sont les paumés des seventies? Où est son regard sur les exclus contemporains? Nous sommes loin de la période ou Stallone fracassait des petites frappes dans le bus pour défendre une pauvre femme et son sac à main (dans Daylight). Il a gardé sa morale en lui retirant un second degré nécessaire pour ne pas l'alourdir. Aisin, la plus grande faille de ce Rocky 6, preuve que l'enjeu n'est pas sur le ring, mais dans les aspects autobiographiques qu'il insuffle à son personnage principal, sa grande faille donc est le méchant. Un "bad guy" mal écrit, un pauvre boxeur caricatural, qui n’a rien pour lui si ce n’est le fait d’être jeune (donc noir et qui écoute du rap…). Rocky a évolué : de son humilité vers la naïveté et une caricature de la sagesse, un peu déconnectée du monde, peut-être encore trop ancré dans les années 80, du temps de sa gloire.
Comme cette Amérique qui croit qu'elle est encore impériale, dominante, civilisatrice, et qui n'a rien compris à l'avenir. ninteen
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