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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Peter Pan
USA / 2003
04.02.04
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UN CROCHET DE PLUS PAR LE PAYS IMAGINAIRE
"- Deux morts déjà. La tension monte!"
Syndrome Disney. Définition: film d’animation adapté par Walt Disney à partir d’un récit ou d’un conte universel empêchant toute tentative cinématographique ultérieure par un cinéaste. Exemple: inocchio, Le Livre de la jungle, Peter Pan.
Ce film souffre évidemment du syndrome. Le dessin animé de Disney est une telle référence artistique, connaît toujours un tel retentissement public, qu’il est difficile - même pour un Spielberg - de s’attaquer à ce personnage légendaire. Mais reconnaissons que Paul J. Hogan, avec une vision à la fois similaire à celle du dessin animé, et très distincte s’en sort mieux que les autres.
C’est essentiellement dû à son script. La narration évite les morceaux musicaux mais surtout approfondit les tourments psychologiques. Le film est quasiment psychanalytique. La relation amoureuse, et la portée de cet amour, entre Wendy et Peter devient la clé du film. Et si "préserver sa part d’enfance" n’est plus au coeur de l’intrigue, la transition vers l’âge adulte est bien plus socialement présente (avec notamment le personnage d’une Tante vieille fille et vieux jeu). Surtout, en conservant le double rôle du père de Wendy et du Capitaine Crochet au très bon Jason Isaacs, Hogan donne une dimension particulière à cette histoire: "tuer le père" ou voir le père comme un lâche tient plus du registre freudien.
Pour le reste, Peter Pan s’annonce comme un bon divertissement pour les enfants. Le peu d’intérêt qu’on portera à cette production proviendra uniquement de ce Syndrome Disney. Car, le film d’Hogan, horriblement dispendieux, n’a aucune honte à rougir devant ses résultats au Box Office. Artistiquement, il est en phase avec les films familiaux à budgets massifs de son temps - les Harry Potter, Pirates des Caraïbes... Le casting épouse parfaitement les personnages, Peter Pan en tête, coquin, malin, espiègle, tel qu’on l’imagine. De Nana, le saint Bernard à la fée Clochette, sortie d’un film muet, en passant par un crocodile vorace et impressionnant, nous sommes en terrains conquis. Le comble pour ce pays imaginaire est bien qu’il nous apparaisse si familier.
Mais grâce à un peu d’humour et de situations légèrement décalées, propres au cinéma de son réalisateur, le film s’envole parfois dans des directions un peu plus inattendues. Sans oublier sa fantaisie (parfois excessive comme ce voyage dans l’espace), Hogan nous fait voguer sur un tapis de nuages, et nous guide vers des aspects plus sombres: des sirènes maléfiques, la vision de la mort ("Mourir doit être une sacré belle aventure"), ... Face à un Crochet "vieux et sale et bon à jeter", Peter Pan symbolise encore et toujours cette nostalgie de l’enfance dont le mythe lui-même ne sort pas. Coincé entre sa référence animée et son sujet atemporel, le film ne parvient pas à transcender son destin et à finir en belle histoire d’amour. Celle-ci, comme toutes les autres, finira mal. Peter et Wendy, c’est l’amour contrarié entre la petite fille qui rêve de son Prince Charmant et qui finira divorcée. Mais les enfants ne voient rien de tout ça. Alors, autant les accompagner dans cette illusion colorée de l’innocence. vincy
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