Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Pars vite et reviens tard


France / 2007

24.01.2007
 



HISTOIRE DE RATS





"- Elle vient d'où votre photo?
- D'habitude, c'est moi ici qui pose les questions.
- C'est bien une phrase de flic ça.
"

Peur sur la ville. Mais sans les cascades de Bébel. On pourrait croire que Régis Wargnier s'est aventuré dans un territoire inconnu, le polar, mais il n'en est rien. Il filme Paris comme il capture la Baie d'Halong, en scope. Le film tire ce scénario à la Christophe Grangé vers le haut grâce à son comédien (José Garcia tout en intérieur), sa photo bleue grise, ses décors (une architecture résolument moderne, anguleuse, presque seventies), sa musique de Patrick Doyle : mélodieuse, inquiétante, triste. Film noir (dépressif) et coloré (humainement), Pars vite (longtemps) et reviens tard (incantation pour fuir la peste) permet quand même au cinéaste d'insuffler son amour de l'exotisme, ses relations avec les colonies (le fantôme eurasien de Lin Dan Pham, sa jeune vedette d'Indochine, mais aussi le Congo et cette Afrique qui l'obsède). Sa meilleure idée reste dans ce qui reste le lien invisible entre tous ses films : le conflit entre le passé et le présent, la passion et la raison. Ici la science et l'intellect, le rationnel et le méthodique le disputent au médiéval, mystique, gothique. La panique et la paranoïa autour d'une contamination générale affronte le cartésianisme. C'est le Louvre et ses mystères contre les bureaux froids et informatisés du Commissaire. La séquence de médecine légiste est d'ailleurs assez révélatrice du sujet : une expérience provenant des tableaux de la Renaissance et des premières expériences anatomiques devenue une image crue, dure, violente, mais banalisée.
En mixant un mal ancien (la menace de la peste) et des douleur diffuse plus contemporaines (la dépression amoureuse), la collectivité avec l'intime, le métier et le privé, l'histoire imaginée par la romancière Fred Vargas ne peut que séduire. Ce traité d'alchimie amoureuse et biologique se repose ainsi sur des personnages bien foutus. Mais le film flotte, comme le flic. L'intrigue tortueuse manque de colonne vertébrale pour nous faire haleter. Le film nous captive davantage pour ses relations humaines que pour l'enjeu de l'enquête. Du coup, la fin est un peu téléphonée Et le final explicatif trop appuyé pour ne pas dire assez inutile. "Faut toujours des coupables n'est ce pas?"
Certes, mais cela gâche presque l'effet impressionniste de Pars vite et reviens tard, qui épouse les errances de son personnage principal, instinctif, songeur, intelligent, mais à qui l'on a amputé son légendaire flair. Sa séparation amoureuse l'empêche d'être infaillible, de trouver le coupable rapidement. Il doute. Vogue. Il lui faudra, du coup, l'aide des résidents - crieur, commerçant, passant, jamais très innocents - de ce Beaubourg, cour des miracles ressuscitée. L'enquête est habile, le méchant pas très convaincant. Cependant, la morale est profondément ancrée dans une forme de justice peu manichéenne qui trouve ses racines dans une injustice irrésolue. "Y a eu une merde et on assiste à son effet retour." Wargnier, dans tous ses films, ne racontent pas autre chose : l'Histoire règle toujours l'addition et ne laisse jamais un crime impuni.
 
v.

 
 
 
 

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