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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Snow cake
Canada / 2005
31.01.2007
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SIGOUNEY M'ETAIT CONTE...
"Je sais ce que Vivienne voudrait : être vivante"
En 1989, Dustin Hoffman incarnait un autiste surdoué capable de compter les cartes au poker et de deviner le nombre d'allumettes restant dans une boîte. Avec juste ce qu'il faut de cynisme et de bons sentiments, Rain Man jetait à la face du monde une facette bien spécifique de cette terrible maladie mentale en insistant principalement sur ses aspects spectaculaires. Près de vingt ans plus tard, Marc Evans propose une vision radicalement différente, dénuée aussi bien de misérabilisme que d'enjôlivement.
En s'inspirant d'une personne réelle, Sigourney Weaver compose un personnage nuancé et complexe qui laisse entrevoir une très grande force morale comme une vulnérabilité extrême. En "SnowWoman" Le prestation de l'actrice est impressionnante : mouvements amples et désordonnés, regard qui ne croise jamais celui de son interlocuteur, démarche saccadée... elle s'approprie le rôle dans les moindres détails et s'efface totalement derrière. A ses côtés, Alan Rickman s'en sort plutôt bien en Britannique so british qui semble avoir avalé un parapluie. Entre ces deux-là, ça fonctionne, tantôt sur le mode comique (l'air coincé d'Alex lorsque Linda se roule dans la neige ou lui demande de sauter sur le trampoline), tantôt dans l'émotion. Leurs relations sont suffisamment équilibrées pour ne pas paraître superficielles ou fausses, et finalement, s'ils apprennent un peu l'un de l'autre, le film évite l'écueil du parcours initiatique ronflant et caricatural.
Non, au fond, ce qui cloche dans Snow cake, c'est plutôt le reste, tout ce qui enrobe la relation douce-amère qui unit Alex et Linda. On croit moyennement à l'histoire d'amour fulgurante entre Alex et Maggie (d'ailleurs qu'ajoute-t-elle à l'intrigue ?) et on se passerait des insinuations du policier fouineur (jamais exploitées, soit dit en passant.). C'est dommage, car ces lourdeurs tirent le film vers le convenu quand il avait le potentiel pour dépasser son aspect plaidoyer et militant. On aime toutefois les piques scénaristiques à l'égard de ceux qui croient tout savoir de l'autisme parce qu'ils ont vu un film (clin d'œil à Rain man) ou de ceux qui prétendent imposer leurs propres valeurs aux malades, ainsi que la formidable scène de la partie de Scrabble qui offre à Linda une vraie revanche sur sa maladie.
MpM
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