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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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After the wedding (Efter bryllupet)
Danemark / 2006
07.03.2007
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SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE
"Peu importe qu'il se soit tapé une chèvre, j'ai le droit de connaître mon père !"
Susanne Bier, cinéaste danoise émérite déjà auteur d'Open hearts et de Brothers, explore une nouvelle fois le couple et ses dysfonctionnements. Ici encore, un malaise ambiant plane dans l'air avec des personnages au bord de l'implosion. Le film débute en Inde, dans l'orphelinat dirigé par Jacob, qui semble avoir trouvé sa voie dans l'aide humanitaire. Il rejette le monde industrialisé et superficiel auquel il appartenait jadis pour se consacrer à la souffrance des autres, bien plus réelle. L'ambiance chaleureuse qui règne malgré la misère évidente contraste avec celle plus froide et austère de l'Occident, dans laquelle la réalisatrice nous plonge sans préavis. Elle utilise une photographie plus glacée pour nous présenter le couple Helene/Jorgen – chez eux, luxe, calme et volupté ne sont qu'apparents. La mise en scène minimaliste et le cadrage épuré recentrent l'action sur les protagonistes qui, heureux en surface, enfouissent un passé obscur qui rejaillira sans crier gare. Elle construit des personnages forts, dosant subtilement les principes du Dogme, avec certains plans à 360° qui donnent le vertige, plus par ce qu'ils sous-entendent. Les moments de la vie supposés réjouissants, un mariage, une fête d'anniversaire, n'existent que pour mieux souligner le désordre, insufflant au récit une intensité dramatique rare.
Pourquoi ce riche industriel choisit-il soudainement de léguer 4 millions de dollars à l'orphelinat de Jacob ? Quels sont les liens qui unissent Jacob et Helene, qui semblent se connaître ? Les intrigues se nouent autour du trio principal, relié par un même secret, dévoilé assez rapidement, à l'instar dun autre film danois culte, Festen. Finalement, ce n'est pas cela qui prime mais plutôt leurs interactions, comment chacun réagit en découvrant une pièce du puzzle. Parabole sur la générosité, le pouvoir, l'argent et le poids des non-dits, After the wedding repose essentiellement sur le jeu des acteurs, tous fabuleux, Madds Mikkelsen en tête. La sobriété de jeu de l'ennemi juré de James Bond dans Casino royale force l'admiration. On reconnaît son visage, sans établir de connexion instantanée, tant sa palette d'émotions est variée. Comme une chair maléable en liaison avec ses émotions intérieures. Les personnages s'affrontent, crient, hurlent leur douleur qu'elle soit morale ou physique. L'argent et le pouvoir ne peuvent pas tout accomplir. Preuve en est l'absence de happy end. Parfois, certains esprits purs préfèrent s'affranchir d'une vie dorée pour ne pas être en contradiction avec leurs pensées profondes.
Florine
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