Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Odette Toulemonde


France / 2007

07.02.2007
 



AUX BONHEUR DES DAMES





"- C'est bien d'être mince mais faudrait pas virer rachitique."

Philippe Labro d'abord. Puis Yann Moix et bientôt Michel Houellebecq. Les écrivains veulent tenir autre chose qu'un stylo en prenant la caméra. Eric-Emmanuel Schmitt a donc écrit cette histoire d'Odette Toulemonde, miroir flatteur et narcissique tendu à l'auteur de gare qu'il est (on n'ets jamais si bien servi que par soi-même) pour le cinéma. Du scénario est né un roman. Livre habilement sorti avant les fêtes, et best-seller de fin d'année, avant que le film ne sorte. On pourrait presque croire à du calcul marketing...
Ce qui nous intéresse, pourtant, c'est l'objet filmique. Cet Odette Toulemonde a des allures de films belges, fantaisie surréaliste, et d'Amélie Poulain pour adultes. Autrement dit rien d'original, mais rien de déplaisant. L'apprenti cinéaste, hélas, ne sait pas sa grammaire. Les plans se succèdent sans aucune logique de cadrage, de mise en scène. Ce collage qui s'appuie essentiellement sur des effets spéciaux ou des idées de délires visuels ne compense pas l'illustration plate de sa jolie histoire. Nous avons le droit à des gros plans sur des chaussures de femmes. Ou des plans larges sans signification. Comme s'il était ébahit par la caméra, le néo-réalisateur se complaît dans le mouvement.
On regrettera de voir toujours Frot dans son rôle de pimpante insouciante et Dupontel en déprimé romantique. Cependant, les comédiens contribuent au vrai plaisir de voir ce roman à l'eau de rose sur grand écran. Schmitt se fait ainsi le meilleur avocat de sa littérature, source d'évasion. Il tord le cou au snobisme. Mais sa seule véritable idée de cinéma qui correspond à son sujet est bien cette élévation de la tourneuse de pages que provoque la lecture. Le fond rejoint alors la forme. Plus lourdement, elle s'envole aussi quand elle se découvre amoureuse (et oui l'amour donne des ailes!). Le riche et la pauvre, l'écrivain célèbre et la mère courage vendeuse et plumeuse, Odette est une fable, stéréotypée et remplie d'archétypes ("- Sue Ellen, tu ne traites pas ton frère de pédé!"). Un film pour midinettes "imaginé" par un adolescent fantasmant sur LA femme, alias Odette, "noire à l'intérieur", dansant sur du Joséphine Baker, marchant élégamment en talons hauts, sachant remuer les oeufs en neige, le sein trémoussant. Il filme Frot comme une héroïne latine, entre Sophia Loren et Penelope Cruz; des chaussures au déhanchement, la voici objet fétichiste dans un film qui vire au Disney (époque Mary Poppins) philosophant sur le bonheur des autres.
Entre misères et miracles, il semble difficile de sortir de sa condition (pour elle comme pour lui, dans leur passé comme dans le présent). Cela aurait pu donner un très beau film s'il ne dérapait pas dans le ridicule (la scène musicale familiale est particulièrement ratée). Schmitt ne réussit pas à nous faire passer du réel au rêve, à relier l'allégorie au plausible. Le meilleur exemple pourrait être sa métaphore christique : au départ amusante, à l'arrivée plutôt grossière. Tout y passe jusqu'à ce plan où Fort sert de Piéta à Dupontel.
La fin alors s'étire mièvrement. Cela fait longtemps qu'on est déconnecté du film. Que les personnages sont désincarnés. Que la magie n'opère plus. Odette était intéressante en madame tout-le-monde. Il ne fait pas notre bonheur en la rendant différente, et même rutilante. Comme s'il fallait toujours et encore faire rêver les gens avec des fantasmes de pacotille...
 
v.

 
 
 
 

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