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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The good german
USA / 2006
14.02.2007
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LE BON? LA PUTE ET LE PUANT
"- Profitez de la guerre, la paix sera terrible"
Le nouvel opus de Steven Soderbergh, réalisateur brillant qui explore à chaque fois les ressources de son imagination débordante, surprend. Il donne le ton d'entrée de jeu, proposant un film d'époque sur les remous de l'après Seconde Guerre mondiale et les prémices d'un autre conflit à venir, celui de la Guerre froide. Truman, Churchill et Staline décident de la partition de Berlin en quatre secteurs lors de la conférence de Postdam. L'Allemagne a capitulé, et on découvre un Berlin de studio en ruines traversé par nos trois héros, Jake, Lena et Tully. The good german fait écho à de nombreux chefs d'œuvre du film noir de l'après âge d'or d'Hollywood, notamment Le Troisième homme (la ville en ruine), Casablanca (le dilemme et le final) et Les Enchaînés (le complot et les compromissions). Cette avalanche de références finit cepedant par lasser. Filmer "presque" comme à l'époque aurait pu être une audace formelle en ces temps formatés. Mais le cinéaste disparaît complètement derrière son exercice de style et se fond à l'ambiance de l'époque, véritable hommage dont il respecte les codes à la lettre (jusqu'aux dialogues). The Good German pourrait être le premier film contemporain à être diffusé en cinémathèque sans que l'on se doute du véritable âge du film.
Un meurtre mystérieux, une femme fatale troublante, une narration à trois voix offrant le point de vue de chaque personnage… Nous passons de la crapule à l'enquêteur au coupable. Chaque détail nous induit en erreur et brouille un peu plus les pistes. Le scénario est brillant mais laborieux dans son application.
Soderbergh utilise certains procédés de transparence, des objectifs anciens, le noir et blanc qui nous immergent totalement en 1945 et l'illusion opère presque. Les transitions aléatoires entre les plans savamment dosées et le mélange de fiction et d'images d'archives achèvent de nous plonger dans cet univers glacé. Si son long-métrage bénéficie d'une beauté plastique évidente, il souffre de certaines longueurs et d'un manque évident de grain de folie, si caractéristique chez lui. Mais à force de privilégier la forme sur le fond, il en oublie parfois le spectateur. En filmant Berlin, il semble avoir été atteint par cet esprit romantique, mélancolique, presque nostalgique. L'histoire, véritablement palpitante, épouse ainsi un rythme davantage indolent, mais néanmoins séduisant.
L'idée de la guerre reste sous-jacente et le réalisateur ne filme jamais l'horreur des camps de concentration que l'on imagine aisément. Cette morale reste d'ailleurs ambiguë et bâclée : "être allemand ne fait pas de vous un nazi." Il a le matériau et ne l'exploite pas : cette Allemagne scindée en deux, ceux qui en profitent avec opulence et les autres qui font la queue pour un bout de pain, reste anecdotique dans ce portrait de vaincus. Le cinéaste ne s'implique pas assez ni dans son film, ni dans le sens de ses images, qui restent trop lisses. Son parallèle avec la guerre en Irak et Bagdad dévasté offre une modernité tirée par les cheveux, pas inintéressante mais mal intégrée au film. Ses personnages entretiennent le mystère et cultivent leur part d'ombre, quitte à parfois nous perdre en chemin. Eux aussi sont ravagés par la guerre et tentent de se reconstruire tant bien que mal. Des égarés, des voyageurs errants, des âmes perdues dans un temps retrouvé. Cate Blanchett, en brune vénéneuse, incarne à la perfection la femme fatale du film, entre Faye Dunaway et Lauren Bacall, véritable clé de l'énigme qui se trame. Totalement impliquée dans son rôle, elle éclipse un George Clooney plutôt absent et fade, tout juste bon à passer les plats et nous faire suivre l'histoire. Lui d'ordinaire si sexy et ténébreux se complaît dans une prestation désarmante. Un problème avec l'uniforme peut-être ? Quant à Tobey Maguire, sa courte prestation en officier corrompu et profiteur vaut le détour. La déception est grande quant à la recomposition du tandem Clooney/Soderbergh sur ce genre de thématique. Au final, sa tentative audacieuse force le respect même si elle ne convainc pas totalement. Nous avons le droit à un film au lustre d'antan mais un brin fumeux. L'expressionnisme allemand ressort quand la vérité éclate, pour nous emmener (enfin) vers un étau qui se resserre. Son savoir-faire ne suffit pas à excuser quelques facilités. Bien évidemment nous sommes trop durs. Exigeants? "Tu n'aurais jamais du revenir à Berlin" Un simple remake aurait peut-être été plus judicieux.
Florine
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