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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Buongiorno, notte
Italie / 2003
04.02.04
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ROUGE ITALIE
"- Les communistes sont prêts à mourir pour leurs idées.
- Vous êtes alors comme les premiers martyrs chrétiens."
L’Italie continue de se pencher sur son histoire. Après la grande fresque sentimentalo-historique Nos meilleures années et La Folie des hommes narrant l’accident de barrage qui a bouleversé le pays en 1959, c’est au tour de Marco Bellocchio de s’attaquer au passé de son pays. Le réalisateur avait déjà traité le thème des Brigades Rouges dans Le Diable au corps (notamment puisque le thème figurait également dans Les yeux, la Bouche). Mais la dimension historique ne servait alors que de toile de fond à l’adaptation du roman de Raymond Radiguet. Cette fois-ci, l’histoire est au cœur même du film. Le cinéaste s’est employé, dans le cadre d’une commande de la Rai Cinema, à disséquer un événement qui a terriblement marqué le peuple italien, à savoir "Les 55 jours de détention d’Aldo Moro" qui ont séparé son enlèvement de son exécution en 1978.
Pour appréhender l’événement et mieux restituer l’atmosphère de l’époque, Marco Bellocchio a utilisé une mise en scène extrêmement réaliste et d’une sobriété exemplaire. A l’image de la cause qu’ils servent, les personnages semblent animés d’une force froide et d’une détermination presque automatique. Avec une économie de mots et d’effusion, le cinéaste nous les montre de manière presque inhumaine. Côté images, on retrouve une certaine aridité qui avait cours dans certains films des années 70 avec des plans simples sans effets de style. Buongiorno Notte apparaît ainsi comme un film qui, même s’il est sans surprise, reste efficace. Car l’intérêt ne se situe pas d’un point de vue artistique et c’est le propos qui prédomine.
Le film est intéressant à double titre. D’une part, l’éclairage porté sur l’action des Brigades Rouges est assez adroit. On perçoit parfaitement l’importance et l’omniprésence de la pensée communiste prolétarienne et la violence des actions terroristes qui l’ont accompagnée pendant de nombreuses années.
D’autre part, l’aspect humain est assez bien traité. De par la construction du scénario, on comprend assez bien les déchirements dont est victime le personnage de Chiara. Au départ, elle est, au même titre que ses acolytes, toute entière dédiée à la cause terroriste. Elle enchaîne les gestes sans états d’âme et passe, comme un automate, de sa vie à l’intérieur de l’appartement à sa vie extérieure (elle travaille dans une bibliothèque). Peu à peu, la présence du séquestré et celle d’un de ses collègues qui dénonce le terrorisme absolu (selon lui, les brigadistes sont "stupides et fous") la transforment. Les théories communistes radicales ne sont plus les seules à trouver un écho chez elle. Chiara est subrepticement envahie par quelque chose qui relève de l’humanité. Face au côté radical de ses compagnons de lutte, elle ne se rebelle pas de façon affirmée mais le doute s’installe inéluctablement. C’est alors que Bellocchio use de moments rêvés pour montrer son détachement à la cause initialement servie : non seulement elle s’éloigne du propos politique et de l’objet prolétarien, mais elle s’attache à l’homme incarcéré au point de rêver son évasion. Pour servir l’évolution de son scénario, Marco Bellocchio s’est appliqué à rendre le personnage d’Aldo Moro attachant. Contrairement à ses geôliers qui sont montrés comme quasiment impitoyables, le captif est décrit comme respectueux, compréhensif et finalement presque le plus humain de tous. Et on comprend pourquoi le réalisateur, malgré le bon accueil réservé à son film, a rencontré quelques réticences. On peut en effet lui reprocher de faire preuve de parti pris quant au traitement des personnages. Et la subjectivité de la réalisation ne peut que renvoyer aux réflexions cinématographiques de Jean-Luc Godard : "ce n’est pas une image juste, c’est juste une image". Attention aux conclusions donc.
laurence
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