|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Scorpion
France / 2007
14.02.2007
|
|
|
|
|
|
LE TIGRE EST EN TOI
« - Tu me payes pour combattre, alors je vais combattre. Je ne tricherais pas. »
On pouvait s’inquiéter du nouveau projet du réalisateur des Fils du vent, mais contre toute attente, Julien Seri s’en tire mieux que prévu. Le film doit beaucoup à Clovis Cornillac, méconnaissable dans son rôle de grosse brute désabusée, limite nihiliste. L’acteur nous offre ici une jolie performance plus proche de son rôle sombre et dérangé de Maléfique que ses escapades un peu trop puériles et superficielles style Brice de Nice.
L’histoire est simple mais se suit sans déplaisir et rappelle par certains moments Danny the dog dans la façon servile dont est utilisée le personnage de Cornillac pour combattre. Cependant nul Besson à l'ombre de cette production. Le film et son comédien sont totalement libres. D'ailleurs le prologue installe très rapidement le contexte : une injusticze, une erreur, une sanction. 6 ans de tôle. Le personnage commence au plus bas de l'échelle. La vie derrière lui. Cette déchéance, résistance, renaissance permettent à Clovis Cornillac de jouer sur plusieurs registres. Du poilu crade au rasé brutal. De l'immature combattant au protecteur adulte. Scorpion, film âpre, ultra-violent, fascinant et répulsif, s'inscrit dans un parcours intitiatique qui rejette moralement le fatalisme. Surtout, le combat n'est qu'une allégorie pour illustrer la violence de notre "jungle". Ascension sociale et cynique dans un monde où seul compte le fric. La sauvagerie de cette société "libérale" permet à Scorpion, malgré sa noirceur et son genre, de s'ancrer dans un drame plus réaliste, plus politique et même sociologique.
Les autres personnages paraitront plus caricaturaux, plus esquissés que dessinés. Rien à voir avec cette espèce d’animal sauvage qui n’attend que d’être délivré par un amour salvateur. La bête agit pour la belle. Et si les seconds rôles sont déjà vus, l'explication tient dans la faible prise de risques du script, très classique : l’organisation criminelle clandestine (dont le boss adore sniffer de la coke), les flics en embuscade, la pute courageuse et maman... On reste aussi dans l'énigme concernant l’origine de son pseudonyme, Scorpion. Une histoire de queue qui ne trempe jamais où il faut?
Au niveau des combats, en revanche, misons dessus! Ames sensibles s’abstenir : les os se brisent, le sang coule, les chairs se déchiquettent, les organes se déchirent. Les divers coups donnés à droite à gauche sont transcendés par l’utilisation d’une bande sonore primaireet efficace. Les combats sont aidés par la présence de vrais boxeurs, tel Jérôme Le Banner, impressionnant de carrure.
Au final, ce film noir est bien mené, qui, sans être ambitieux ou original, divertit avec un style singulier et un contrat rempli honnêtement. Et prouve que Cornillac a toujours la carrure pour porter un film sur ses épaules. ninteen
|
|
|