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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Chronique d'un scandale (Notes on a Scandal)
/ 2006
28.02.2007
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LES JE INTERDITS
"- On fait tout autrement chez les Bobos."
Il ne faut pas voir Chroniques d'un scandale comme un film sensationnel ou un drame à Oscars. Il s'agit d'un journal intime, celui d'une Bridget Jones toujours célibataire, après 40 ans d'assèchement émotionnel consigné. Un regard désabusé sur le temps qui passe, le soi disant progrès, les changements qui changent pas grand chose. Il y a quelque chose de Simone de Beauvoir dans cette "Chronique d'une mort annoncée".
Jeu de miroir psychanalytique où l'observatrice solitaire fantasme sur cette blonde excentrique. les opposé(e)s s'attirent. Peut-être un peu simpliste. Pas si caricatural. L'intensité du film est produite par l'étincelle entre les deux comédiennes, dont le talent, les racines cinématographiques et théâtrales en font deux cousines évidentes. Leur "immédiate intimité irréfléchie" paraît ainsi naturelle au spectateur. Si Dench magnifie cette dureté calculatrice qui la rend si faillible sentimentalement, Blanchett excelle dans cette instinct pulsionnel et moral qui expose sa vulnérabilité. C'est un jeu pervers entre une Mère supérieure et sa novice. Entre une femme en voie de désagrégation et une autre toujours inachevée. Ces dames de compagnie, dans un autre temps, aurait eu d'autres conduites exemplaires ou non. Mais justement le film prend son intérêt dans le décor qu'il s'inflige. Car on pourra aussi y voir la marque d'une époque, quand les enseignants deviennent des assistants sociaux, des surveillants autoritaires (ou soumis). Une critique de la bourgeoisie actuelle et des clichés qui la piègent. Quand la féminité doit composer avec une forme de masculinité, d'audace virile, que ce soit pour se faire respecter ou aimer.
Ce film dur et amer, aux couleurs froides et chaudes, lèvent les tabous, transgressent les interdit. Pas aussi subversivement qu'un Birth. Sans la perversion du cinéma anglais d'avant les années 90. L'esthétique (sonore et visuelle, la musique de Glass et l'image de Menges) aux apparences lisses s'attache davantage à des choix légitimes : un film profondément féminin, intérieur, indiscret : "ça a prit les allures d'un secret et les secrets peuvent être séduisants." Même l'acte sexuel est filmé de manière sublimée : des ombres sordides entre deux trains, êtres et matériel éclairés par des lumières étincelantes. Le film n'a rien de grandiloquent ou de sensuel. Le sordide n'est pas dans le contexte mais bien dans la tête des gens.
Mensonges et trahisons composent la seconde partie du film. Les manipulations démontrent l'esprit tordu né de la frustration, les arrières pensées. Tout secret est révélé. Monde incapable de sincérité, apte à la cruauté (qui ne s'estompe pas avec l'âge). L'enlaidissement est à peine perceptible mais réel au fur et à mesure de l'avancée des faits. Les deux solitudes vont s'affronter : cette destruction programmée dévoile alors le manque de substance de l'une l'absence de sentiment de l'autre. Mais, à l'instar du film, aucun des personnage n'est avare en émotions. v.
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