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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Je crois que je l'aime
France / 2007
21.02.2007
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AMOUR ESPION
"- Si vous voulez mon avis, belle comme elle est, si elle est encore célibataire c'est qu'il y a un problème."
Le point de départ de cette pétillante comédie romantique donne lieu à tous les quiproquos possibles. Un homme éperdument amoureux décide d’espionner la future femme de sa vie afin de pouvoir sonder le moindre de ses défauts. Tentative pas forcément louable, à la limite de la perversion, me direz-vous… Et pourtant... Le charme de Vincent Lindon opère à merveille et bien que n’approuvant pas ses méthodes douteuses d’investigation, il ne parviendra pas à se faire détester. Comme un bon vin : plus il vieillit et plus il gagne en corps et en séduction. De nos jours, trouver l'amour devient non plus un leitmotiv mais une véritable obsession, et les médias se chargent allègrement de nous mettre la pression à ce sujet. À 43 ans, Lucas, le héros, déjà divorcé et écorché par les femmes ne peut plus se permettre de s’égarer en amour. Lorsqu'il rencontre Elsa, c'est le coup de foudre – un moment rare dans une vie – et il choisit de prendre ses précautions. Son initiative, un brin désespérée, ne part pas d’un mauvais sentiment mais reflète plutôt une peur panique de l'engagement, s'accentuant graduellement avec l'âge. Il traque les moindres détails de la vie privée d’Elsa, moyennant filatures, caméra vidéo et micros dans son appartement, pour découvrir, peut-être, le détail qui lui permettra de fuir. Cette femme belle, intelligente, brillante et indépendante le terrifie, une thématique résolument moderne.
Pierre Jolivet s’essaie à un genre nouveau, la comédie romantique, et réunit ses compères favoris, Vincent Lindon et François Berléand (Ma petite entreprise). Une petite nouvelle vient les rejoindre, Sandrine Bonnaire, plus lumineuse que jamais, pour reformer – vingt ans après Quelques jours avec moi de Claude Sautet – son duo avec Lindon. Casting pré-fabriqué par les agents, ils sont l'atout marketing pour promouvoir un film au demeurant assez classique. L’alchimie s’effectue parfaitement entre les personnages et avouons notre plaisir à entendre Berléand proférer avec un calme plat "J'ai travaillé sous Mitterrand", pour justifier sa discrétion et son professionnalisme en tant que détective privé. Je crois que je l'aime nous emporte dans un tourbillon de bonne humeur à un rythme effréné et ne souffre d'aucun temps mort. Les dialogues ciselés et le comique de situation très bien relayé à la fois par Vincent Lindon, François Berléand et l’excellent Kad Merad provoquent des éclats de rire réguliers. Le scénario, certes cousu de fil blanc, ne vient pas entacher l’ensemble et les réactions des personnages n'en demeurent pas moins délectables. Évidemment, le spectateur se doute bien qu'Elsa découvrira la supercherie et que Lucas mettra tout en œuvre pour la reconquérir. Seule ombre au tableau, Liane Foly (la chanteuse, non vous ne rêvez pas) qui incarne une arriviste québécoise, accent à l'appui, et virant une fois sur deux à la caricature exaspérante.
Heureusement, son compte sera réglé assez rapidement. Le film nous laisse une impression de légèreté, réveillant nos cœurs de midinettes. Hélas, on ne peut pas dire qu’il brille par son originalité et impose un style singulier. Il remplit agréablement son contrat, nous communiquant une once de joie, le sourire aux lèvres. Nous aussi nous croyons que nous l'aimons !
Florine
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