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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Entre adultes
France / 2007
28.02.2007
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1 HOMME ET 1 FEMME (x 12)
« Il est très bien notre quotidien. »
Douze comédiens de théâtre sans aucune expérience cinématographique, deux caméras, un micro, dix jours pour tourner. Voici en tout et pour tout ce que la région Centre Val de Loire mit dans les mains de Stéphane Brizé, quelques temps avant qu’il ne tourne Je ne suis pas là pour être aimé. Poussé par ces rudes contraintes matérielles et par le désir d’accorder à chaque acteur le même temps de présence à l’écran, Brizé emprunte à Schnitzler le principe de La Ronde pour écrire son scénario : douze scènes, réunissant chacune un homme et une femme, l’un des deux se retrouvant dans la suivante pour donner la réplique à un autre qui se retrouve dans la scène suivante avec un nouveau partenaire, etc.
Ce qui ne devait être qu’un simple exercice pédagogique fut pourtant vu par Simon Lelouch, qui l’aima et le montra à son père, Claude Lelouch, qui décida d’en financer la post-production et lui permit ainsi de trouver la voie des salles obscures. Un parcours atypique pour un film et un regard typiques de notre époque. Sujet : le(s) couple(s). Ici, pas de romantisme exacerbé, nulle passion dévastatrice, aucune trace d’amour transi entre deux couvertures de magazine people. Au contraire, douze personnages ressemblant à nos voisins de palier, douze scènes de négociations relationnelles et de petits arrangements entre amants ordinaires. Portés par leur individualisme très contemporain, ils s’accommodent, se mentent, restent ensemble ou se séparent, sans éclat ni violons. Chacun se lit dans sa double relation, n’étant d’une scène à l’autre ni tout fait le même ni tout à fait différent. La structure narrative précise et cadencée permet à Brizé d’évoquer un large éventail de situations types et ce n’est que grâce à la justesse de son regard désabusé mais dénué de cynisme (et probablement à la rapidité des séquences) qu’il parvient à échapper à tout manichéisme et à toute caricature. Si l’image ne trompe pas sur l’extrême modestie du budget, le regard du réalisateur marque par son humilité. Il ne porte aucun jugement. Il ne vend ni rêve ni morale. Ce sont les banales vicissitudes de gens ordinaires qu’il donne à voir, sans complaisance mais avec beaucoup d’humanité.
Karine
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