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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le come back (Music and Lyrics)
USA / 2007
14.03.2007
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DUO DE CHARME
«- Les insultes allemandes sont les pires.
- Je sais. J’ai connu une Fraulein.»
Etrange. On va finir par croire qu’Hugh Grant invente un genre à lui tout seul : celui de la star de ciné qui se rêve pop star. Dans About a Boy il était un retraité précoce vivant grassement des royalties d’un hit passé, dans American Dreamz il animait un télé crochet roi de l’audimat, dans ce Come Back le voici ex idole des eighties revenant sur le devant de la scène. On ne peut y voir qu’un pastiche de Wham ! et autres Duran Duran de l’époque. Incarnation abstraite et symbolique des chanteurs à midinettes, réputé aussi bien pour le déhanchement du cul que pour les textes sirupeux, son passé de Top 50 nous fait revivre les clips des années 80 façon MTV.
Le remake de clip, qui constitue le générique d’ouverture, fait figure de pastiche hilarant qui n’annonce pas la couleur plus romantique de ce film. De la manière dont sont traités les has been (Tiffany, Debbie Gibson, Frankie Goes to Hollywood…) et les futurs has been (dont ce mix érotico-bouddhiste qui synthétise Britney, Cristina et Shakira), Music and Lyrics semble plus cruel que drôle. Son regard un poil distant et son efficacité scénaristique (même si l’histoire ne casse pas des briques) le rendent plus agréable que cynique, plus naïf que simpliste.
Ce regard sur ce qui nous lie à notre adolescence, jusque dans ce qu’il y a de plus ridicule peut-être, rend surtout hommage aux espoirs que l’on porte sur la vie, aux illusions qui forment alors notre monde. La réalité est moins bluette. Au contraire, les névroses, l’impossibilité à assumer ses failles font que l’adulte préfère presque s’enfermer dans une jeunesse perdue. L’adulte est ainsi handicapé, complexé, freiné dans son élan, ses audaces, piégé par son quotidien, quitte à se compromettre dans la médiocrité. Ce qui est ringard ce n’est pas une chanson « pop » des années 1980 mais de ne pas vouloir être mieux qu’une arroseuse de plantes ou un chanteur de fête foraine.
Comédie romantique typiquement américaine, happy end à la clef et répliques tueuses quand il faut, le film est surtout intéressant pour ce constat sur le produit musical : un zeste de danse, pas mal de sexe, des rythmes qui font bouger le popotin. Parfois le script aurait mérité des métaphores plus subtiles, mieux écrites. Heureusement le duo Grant / Barrymore charme à tout va, l’un avec ses ironies drôlatiques, l’autre avec ses tics nerveux burlesques. On hume l’air des comédies sans prétentions produites à la chaîne dans les années 30/40.
En se moquant à la fois des chanteurs décérébrés («Je vais vous montrer le toit. C’est en haut.») et de l’hypocrisie américaine (et son puritanisme) avec cette vedette mystique en string, Le come back est une satire sobre et édulcorée, de bon goût. Une sorte de conte de fée où il est toujours possible de défier la fatalité. v.
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