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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Sunshine
Royaume Uni / 2007
11.04.2007
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VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER
"- Rien ne survivra, pas vos parents, pas vos enfants, pas même le soleil."
Dans notre univers, une étoile disparaît à chaque seconde, qu'adviendrait-il de l'humanité si notre soleil, source de vie, venait à s'éteindre ? À l'heure où les questions écologiques prennent une place de plus en plus prépondérante dans notre société, Danny Boyle nous expose les dangers représentés par la fin de l'énergie solaire dans un film d'anticipation angoissant et oppressant. Pendant près de deux heures, le spectateur suit les péripéties, pas forcément plausibles, de cet équipage évidemment cosmopolite, envoyé pour sauver la race humaine de l'extinction. Dans un univers visuel très proche du Solaris de Soderbergh, le cinéaste retrouve son inspiration géniale et nous livre son meilleur film depuis pas mal d'années. En bon mixeur générationnel, il puise ouvertement ses références dans 2001, l'Odyssée de l'espace et dans Alien, le 8ème passager : sa caméra subjective, les respirations excessives nous communiquent une sensation proche de l'étouffement, dans ce huis clos cosmique. Il possède l'élégance de ne pas livrer une pâle copie de ces deux chefs d'œuvre mais en distille savamment les préceptes pour nous entraîner dans une épopée étrange et suffocante.
On l'aura compris, le scénario ne brille ni par son originalité, ni par un suspense haletant – exceptée peut-être la présence d'un mystérieux passager. Pourtant, le spectateur s'accrochera à son siège, cherchant souvent l'oxygène et la lumière du jour. En effet, le cinéaste parvient à créer cette atmosphère fascinante et claustrophobe à souhait, entretenant avec un savoir-faire certain le mythe d'Icare qui, à trop vouloir s'approcher du soleil à fini par s'y brûler les ailes.
Pour retranscrire la notion d'enfermement, le VJ Danny Boyle s'est inspiré de l'univers cloisonné du vaisseau sous-marin du Bateau de Wolfgang Petersen. Le script renforce les tensions entre les personnages, déjà à l'origine de la plupart de ses films (le groupe ne peut coexister très longtemps ensemble), multipliant la folie déjà engendrée par la proximité avec le soleil. Cette attraction ou répulsion pour l'astre solaire finit par agir avec intensité sur leurs systèmes nerveux. L'aliénation latente, croît subrepticement au fur et à mesure : chaque personnage possédant son instabilité propre, qui ajoutée à celle des autres membres de l'équipage, ne fait que renforcer la discorde et les luttes de pouvoir au sein du vaisseau spatial. Qui est responsable de l'erreur de pilotage ? Qui doit-on sacrifier pour sauver l'humanité toute entière ? Comment revenir sur Terre avec si peu d'oxygène ? Certains perdraient la raison à moins. Le personnage de Cillian Murphy, déjà héros de 28 jours plus tard du même Danny Boyle, semble représenter la somme de tous les esprits, sans paraître plus "normal" pour autant. Mystérieux, androgyne, le regard bleu acier, il porte sur ses épaules le poids du film mais surtout celui de sauver la race humaine de l'éradication. Il éclipse tous ses partenaires, offrant une prestation unique, aux confins du déséquilibre.
Ce voyage "julesvernien" vers le soleil, créateur de l'univers, évolue rapidement en un périple initiatique pour chacun d'entre eux, tous partagés entre une dimension spirituelle, voire religieuse, et un concept scientifique pur. Qui a créé l'univers et qui possède le pouvoir de le détruire à tout instant ? Qui a tort, qui a raison ? Peu importe. La psychologie l'emporte sur la raison. Chaque personnage, avec ses convictions propres, entreprend une équipée philosophique qui transformera leur subconscient, le soumettant durement à l'épreuve. Autant de questions sans réponses tranchées et précises sur la maîtrise du monde, interrogations âprement discutées entre religion et science qui ne trouveront jamais de réponse à valeur universelle.
Encore une fois c'est ce virtuel art du cinéma et son genre le moins réel, la SF, qui entend débattre réellement de notre présent...
Florine
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