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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Anna M.
France / 2007
11.04.2007
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CONTE D’UNE FOLIE ORDINAIRE
« - Et l’hôpital ? T’as oublié ce qui s’est passé à l’hôpital ? - L’hôpital ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Dérangeant, ce film. Spinoza dresse le portrait d’une érotomane, une femme qui s’imagine qu’elle est aimée par l’objet de ses désirs. Une sorte de mythomanie amoureuse relativement courante mais méconnue. Il aurait pu concocter un thriller psychologique classique, à la façon de JF partagerait appartement mais il a choisi de n’adopter que le point de vue de l’agresseur, jamais celui des victimes. Basant son scénario sur les étapes successives de la maladie (illumination, espoir, dépit, haine), sa caméra filme au plus près son inquiétante protagoniste. Anna aime, Anna épie, Anna délire, Anna harcèle, Anna se masturbe, Anna menace... La réalisation d’une extrême sobriété et d’une grande discrétion procure une sensation de malaise. Elle ne cède jamais ni au voyeurisme ni au regard clinique, de sorte qu’en regardant Anna M sombrer progressivement dans la folie et dans une violence intolérable, le spectateur ne peut se sentir ni étranger ni empathique. Si proche, si loin… Position troublante et inconfortable. Anna interpelle, elle ressemble à n’importe quelle amoureuse déçue. Mais Anna inquiète, révolte, c’est une psychotique qui dépasse toutes les limites.
Tout le film repose sur les épaules de son personnage éponyme. Anna M en constitue le centre d’intérêt, le véhicule et la finalité. Aux antipodes du glamour de 4 étoiles, Isabelle Carré offre une prestation rappelant celle d’une autre Isabelle dans La Pianiste de Haneke. A la fois glaçante et juvénile, antipathique et pathétique, passionnée et égoïste, dévouée et tyrannique, elle incarne magistralement son personnage et occupe toute la place. Face à elle, Gilbert Melki peine d’ailleurs à transmettre la peur et le désarroi de son existence secouée par la passion psychotique et destructrice dont il est l’objet involontaire. Son personnage, enfermé dans une passivité excessive n’existe pas. Mais cet effacement sert finalement le film : la folie dévore tout… Karine
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