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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Loin d'elle (Away from her)
Canada / 2006
02.05.2007
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SE SOUVENIR DES BELLES CHOSES
"Je ne suis pas encore partie. Juste en route."
Pour son premier film, Sarah Polley réalise un anti-mélo par excellence. Bien sûr, il y a au cœur de l'intrigue cette maladie d'alzheimer qui fait si peur, elle qui enlève aux individus ce qu'ils ont au fond de plus intime. Pourtant, la jeune réalisatrice accomplit l'exploit d'aborder un tel sujet sans avoir l'air de tirer les larmes au spectateur. Peut-être à cause de la manière désinvolte qu'a son personnage principal de tourner en dérision la maladie et ses symptômes. En effet, Fiona cache ses doutes et son angoisse, plaisante sur ses pertes de mémoire et nous est toujours montrée comme allant de l'avant. Elle n'est pas une victime impuissante face au rouleau compresseur de la maladie mais juste un être humain digne et conscient qui prend les bonnes décisions tant qu'il le peut encore.
La subtilité de la mise en scène est également pour beaucoup dans l'étonnante légéreté qui se dégage du film. Les indices de progression de la maladie sont à peine suggérés, la caméra ne s'arrête jamais sur un visage hagard ou une situation embarrassante, en un mot rien de misérabiliste. Au contraire, la part belle est faite au jeu d'acteur. Sarah Polley filme Fiona comme la reine d'un royaume un peu excentrique et Grant en chevalier servant épuisé mais digne. Elle capte ainsi la souffrance des malades et l’impuissance des proches mais s’efface systématiquement devant les trop plein d’émotion.
Très vite, l'histoire d'amour, absolue et inconditionelle, prend alors le pas sur le drame de la maladie. Celle-ci n'est en effet rien d'autre qu'un nouvel obstacle qui oblige les amants à trouver de nouveaux moyens de s'aimer. En auscultant les relations de Fiona et Grant lorsqu'ils sont confrontés à cet ultime combat, la réalisatrice traite de thèmes qui lui tiennent à cœur : comment devient-on après quarante ans de vie commune ? Que se passe-t-il lorsque l'on ne se souvient pas des bons moments ou au contraire quand les mauvais n'en finissent plus de venir nous hanter ? Et si l'un des deux oublie jusqu'à l'existence de l'autre ? En filigrane, on retrouve la question essentielle : jusqu'où est-on prêt à aller pour rendre l'autre heureux ?
Les questions sont universelles mais les réponses ne se veulent à aucun prix exemplaires, car là n'est pas la prétention de Sarah Polley. Et si elle a voulu, avec ce film, donner la moindre bribe de leçon, c'en est une bien plus modeste qu'une recette magique pour faire durer l'amour. Juste nous rappeler la nécessité de construire et réinventer son couple jour après jour.
MpM
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